Lorsqu’une crise (internationale) éclate, les programmes des Nations Unies se mobilisent immédiatement pour venir en aide aux personnes les plus touchées, changeant de priorités pour faire face à l’urgence. La réponse apportée dépend de la nature de la crise : les crises économiques et financières font appel aux banques multilatérales, une famine requiert l’investissement du Programme alimentaire mondial, et bien entendu l’Organisation mondiale de la santé agit au premier plan dans la gestion d’une pandémie. Pendant que les entités concernées tentent de répondre au problème immédiat, les autres programmes onusiens patientent pour reprendre leurs activités régulières. Pourtant, au quotidien, le personnel de l’ONU s’efforce toujours de faire avancer son agenda thématique même lorsque celui-ci n’est pas perçu comme une priorité. C’est le paradoxe que ce projet entend explorer : comment maintient-on à l’ordre du jour une question qui n’est pas considérée comme prioritaire en temps de crise ?
Dirigé par la Dr. Lucile Maertens (MER, Institut d’études politiques/CRHIM), le projet cherche à répondre à cette question en enquêtant sur l’agenda environnemental de l’ONU dans le contexte de la pandémie de COVID-19. L’équipe de recherche est complétée par Zoé Cheli (IEP, assistante de recherche) et le Dr. Luis Rivera-Vélez (IEP, post doc). Soutenu par le Fonds national suisse (FNS) pour une durée de deux ans, le projet analyse les moyens concrets à travers lesquels le personnel de l’ONU tente de maintenir l’environnement à l’agenda alors que la crise sanitaire semble prioritaire.
La littérature a longuement exploré le processus à travers lequel un problème est mis à l’ordre du jour (agenda-setting). Néanmoins, peu de travaux tente de comprendre la suite de l’histoire, c’est-à-dire comment cette question est maintenue à l’agenda. Le projet vise ainsi à conceptualiser les mécanismes du maintien à l’agenda (agenda-keeping) à partir de deux cas d’étude : l’agenda environnemental du bureau-pays du Programme des Nations Unies pour l’environnement en Haïti et l’agenda climatique avancé par le Secrétaire général de l’ONU et son équipe.
En parallèle de ses ambitions conceptuelles, le projet contribuera à une meilleure compréhension du fonctionnement de l’ONU en informant sur ses dynamiques internes et en questionnant la division temporelle du travail entre le monde de l’urgence et le champ des politiques de durabilité.
Dr. Lucile Maertens (IEP/CRHIM)