Évaluer pour se développer. Analyse du développement de l’activité évaluative des enseignants d’éducation physique vaudois suite à l’introduction des nouvelles évaluations cantonales de 2015.
Annabelle Grandchamp est chargée d’enseignement à la Haute école pédagogique (HEP) de Lausanne. Après un Master en Sciences du sport et de l’éducation physique à l’Université de Lausanne et 19 années d’enseignement au secondaire inférieur, elle a entrepris en 2016 une thèse de doctorat portant sur la thématique de l’évaluation sommative en éducation physique sportive (EPS). En août 2018, elle a quitté sa fonction d’enseignante à l’école obligatoire pour mener une carrière de formatrice à la HEP Vaud.
Cette thèse vise à analyser le développement de l’activité évaluative des enseignants d’éducation physique et sportive (EPS) dans le canton de Vaud dans un contexte de réforme. L’innovation tient à l’introduction en 2015 de nouvelles évaluations cantonales obligatoires dans un contexte non certificatif. La littérature sur le sujet a émergé dès les années 1970, animée par la volonté de rationaliser l’enseignement et de rompre avec la notation-sanction. Ces travaux sont toutefois à l’origine de confusions entre fonctions et démarches évaluatives. L’évaluation continue de générer des tensions pour l’enseignant d’EPS, ce qui conduit à des arrangements évaluatifs.
Le contexte vaudois est spécifique du fait de l’absence de notes en EPS depuis 1986, puis d’un cadre d’évaluation sommative standardisé depuis cinq ans. Le but est de mieux comprendre le processus qui conduit un enseignant d’EPS à mettre en œuvre de nouvelles épreuves d’évaluation sommatives prescrites, notamment les préoccupations qui le poussent à y introduire des adaptations, voire à les détourner.
Le cadre théorique est celui de la Clinique de l’activité et la méthode qui découle de ce cadre consiste en une étude longitudinale de l’activité de six enseignants, par le biais d’entretiens d’autoconfrontation simple et croisée.
Les résultats montrent que les enseignants d’EPS vaudois sont en proie à des tensions, sources de conflits intrapsychiques, en lien avec le sens d’une évaluation standardisée dans un contexte non noté. Pour eux, ces conflits intrapsychiques liées aux situations d’évaluation oscillent entre des préoccupations dirigées tantôt vers le bien-être et l’apprentissage des élèves, tantôt vers leur propre confort. Les résultats mettent également en évidence les effets positifs des interactions au sein des collectifs de travail et confirment la nécessité d’un meilleur accompagnement des enseignants lors d’une réforme. Ils ouvrent des perspectives d’innovation dans le domaine de la formation à l’évaluation des enseignants d’EPS novices et expérimentés.