Politologue et économiste de formation, Timo Walter a été engagé comme maître-assistant en relations internationales à l’Institut d’études politiques (IEP) en août 2020. Ses recherches portent sur le rôle que joue l’expertise économique dans la financiarisation du capitalisme mondial et sa gouvernance.
Quelles sont les étapes significatives de votre parcours de chercheur ?
Mon parcours a été peu conventionnel : bien que diplômé en relations internationales à l’Institut de Hautes Études Internationales et du Développement à Genève, j’ai surtout profité pleinement du profil interdisciplinaire de l’IHEID. J’ai ainsi suivi des cours en économie internationale, histoire économique, ainsi qu’en sociologie et anthropologie. Depuis le début de mes études de Master, j’ai donc été intéressé par l’inscription du savoir technologique et scientifique dans le tissu institutionnel de nos sociétés contemporaines. La crise financière qui a éclaté alors que je débutais mon Master, ainsi que les excellents cours en économie politique, en histoire et en théorie de la finance ont fixé le cap pour mes recherches
Quels sont les liens entre vos recherches et les enjeux sociaux et/ou politiques d’aujourd’hui ?
La question qui m’occupe depuis que j’ai commencé à réfléchir à ce problème, c’est la technicisation croissante de la société (dans le sens de Heidegger, ou Foucault). Bien que l’imbrication étroite entre savoir et pouvoir soit devenu indéniable avec la montée du populisme, la science et l’expertise sont présentées comme arbitre et instrument neutre plutôt que partie prenante dans ces conflits sociaux. J’espère qu’un regard plus réflexif et critique sur la technicité et partialité (inévitable) de la science pourra contribuer à surmonter ce clivage qui s’est ouvert entre science et démocratie.
Pourquoi être chercheur à la Faculté des SSP de l’UNIL ?
Je pense qu’il y a au sein de l’IEP et du CRHIM un environnement qui s’aligne très bien avec mes inclinaisons interdisciplinaires, surtout mon intérêt pour l’histoire économique et des idées économique (bien représenté par le Centre Walras Pareto). Aussi, mon intérêt à repenser l’économie politique de la financiarisation du capitalisme par des outils tirés de la sociologie économique et les études des sciences et des technologies crée des liens potentiels avec l’Institut de sociologie, notamment avec le LACCUS.
Quelles difficultés éprouvez-vous dans le travail de recherche ?
L’emprise des conventions disciplinaires. Tout le monde parle d’interdisciplinarité (voire de trans-disciplinarité), mais dans le quotidien, c’est beaucoup, beaucoup moins apprécié et valorisé qu’on ne le pense. Surtout pour les jeunes chercheur·es, on court énormément de risques si on essaye vraiment de se frayer un chemin à travers un champ académique qui reste éminemment disciplinaire.
Quels sont les talents cachés qui vous aident à surmonter ces difficultés ?
Une curiosité boulimique, un acharnement compulsif au travail, et un peu d’autodérision de temps en temps…
Comment envisagez-vous la suite ?
« ‘C’est la vie’, say the old folks, it goes to show you never can tell ».