En Suisse, un tiers des naissances se déroulent par césarienne, un taux bien supérieur aux 10% à 15% recommandés par l’Organisation Mondiale de la Santé. Malgré la proportion importante de femmes qui donnent naissance par césarienne, nous manquons de données pour comprendre comment les parents vivent ce type d’accouchement, dans le postpartum immédiat, comme sur le plus long terme. Ce projet FNS (2020-2024), coordonné par la Prof. Irene Maffi (ISS, requérante responsable), la Dre Caroline Chautems (ISS, chercheuse FNS senior) et Ainhoa Saenz Morales (ISS, doctorante FNS), examine la « culture de la césarienne » en Suisse et vise à comprendre comment ce mode d’accouchement façonne l’expérience de la naissance ainsi que les responsabilités et rôles parentaux.
Les thématiques explorées incluent l’émergence de nouvelles pratiques thérapeutiques visant à soutenir le rétablissement des femmes, l’introduction de la technique novatrice de la césarienne « douce », la manière dont les parents et les professionnel·le·s envisagent l’accouchement par voie basse après une césarienne et le phénomène de la césarienne sur demande maternelle. Ces aspects sont particulièrement importants dans un contexte culturel où la naissance est considérée comme un événement personnel et familial majeur, influençant la construction de la relation entre l’enfant et ses parents.
Le projet prévoit une recherche de terrain dans deux hôpitaux publics de Suisse romande combinant des observations dans les services et les consultations postpartum et des entretiens avec des parents et des professionnel·le·s de la santé. Le projet comprend également une analyse de contenu des médias et d’Internet, dans la mesure où ils contribuent à la construction des représentations autour de la naissance. Les thérapeutes dans le domaine des médecines complémentaires qui offrent des soins post-césarienne seront aussi interviewées afin de comprendre pourquoi les femmes y ont de plus en plus recours. Le matériel produit permettra de comprendre comment la césarienne influence les familles, mais aussi d’ouvrir un dialogue avec les institutions et les soignant·e·s afin d’ajuster leurs pratiques et améliorer la santé mentale et physique des patient·e·s. Le projet propose ainsi de fournir des nouvelles connaissances scientifiques sur un phénomène social et médical très répandu, mais encore peu exploré en Suisse.
Irene Maffi, professeure d’anthropologie culturelle et sociale à l’Institut des Sciences Sociales (ISS) de l’UNIL.
Caroline Chautems, docteure en Sciences Sociales (UNIL) et chercheuse FNS senior au sein du projet.
Ainhoa Saenz Morales, titulaire d’un master en Sciences Sociales (UNIL) et doctorante au sein du projet.