Francesco Botrè a été nommé professeur associé des sciences antidopage à l’Institut des sciences du sport (ISSUL) et directeur du REDs (le Center of Research and Expertise in anti-Doping sciences) dès le 1er août 2020. Après des études classiques, il a obtenu son diplôme de Docteur en Chimie et en Pharmacie (les deux cum laude) à l’Université de Rome, «La Sapienza», puis une spécialisation post-doctorat (cum laude) en Pharmacologie expérimentale à l’Université de Milan. Depuis 1998, il est également le directeur du laboratoire anti-dopage de Rome.
Quel est le parcours qui vous a amené à devenir chercheur ?
Je me définis un “post-chimiste”, en considérant que la chimie se trouve partout, mais qu’elle n’est jamais seule: pour qu’elle soit vraiment productive, elle doit être associée à d’autres disciplines. J’ai toujours aimé étudier les interactions, mettre en relation de cause à effet, même dans des systèmes complexes. J’ai pensé qu’il serait intéressant de pouvoir mettre efficacement à profit mes connaissances en physicochimie dans le domaine de la biopharmacologie.
Votre domaine de recherche en une phrase ?
Biochimie, pharmacologie et toxicologie des drogues d’abus et du dopage dans le sport, à partir de l’identification d’une nouvelle menace à la possibilité de la tracer dans les fluides biologiques.
Pourquoi ce domaine de recherche ?
Je crois que la science et l’éthique doivent toujours aller de pair. Dans le domaine du contrôle des drogues et du dopage dans le sport, les outils offerts par la chimie (non seulement la chimie analytique de laboratoire, mais aussi la chimie qui sous-tend les caractéristiques pharmaco-toxicologiques des drogues et des médicaments, leurs interactions biologiques, les interactions drogue-drogue et drogue-médicament) sont formidables. Il s’agit bien d’un très bon exemple de la science au service de l’éthique.
Pourquoi mené ces recherches à la Faculté des SSP de l’UNIL ?
Je considère l’Université de Lausanne comme l’institution idéale où travailler, pour catalyser le progrès de la science anti-dopage telle que je l’ai décrite auparavant. Lausanne a toujours été la capitale mondiale du sport: géographiquement, historiquement et scientifiquement. L’Université de Lausanne est donc l’institution académique parfaite pour travailler dans ce domaine.
Qu’attendez-vous de vos recherches ?
Il y a un fort besoin de “mélanger le sang” dans mon domaine d’étude. L’Institut des sciences du sport (ISSUL) est l’institution parfaite pour combiner une grande variété de fortes expertises, allant des sciences sociales aux sciences politiques, en passant par l’économie, le droit, la biomédecine et la physiologie de l’exercice. Je m’attends donc à participer à toute une série de projets et d’activités interdisciplinaires qui seront promus et réalisés dans un très proche avenir.
Quelles difficultés éprouvez-vous dans le travail de recherche ?
La plus grande difficulté est de devoir étudier de manière rigoureuse des processus et des phénomènes illégaux, souvent clandestins, qu’il n’est pas du tout éthique de reproduire : pour étudier une drogue d’abus ou une substance dopante, il faudrait pouvoir l’administrer à des volontaires, mais cela est éthiquement inacceptable en raison des risques. Il est donc nécessaire de procéder par des moyens indirects, de concevoir des simulations, de développer des modèles «in vitro» ou «in silico». C’est pourquoi la collaboration interdisciplinaire dans ce domaine est si importante.
Quels sont les talents cachés qui vous aident à surmonter ces difficultés ?
Un enthousiasme toujours bien présent et une curiosité scientifique inextinguible. Je crois beaucoup aussi à la collaboration avec les nouvelles générations de chercheur·es, d’étudiant·es, de doctorant·es et de post-docs, qui disposent de ressources potentielles énormes qui ne demandent qu’à s’exprimer.
Qui serez-vous dans 10 ans ?
J’aurai pris ma retraite de l’académie, mais pas de la recherche: je continuerai à étudier, mais en ayant plus de temps pour lire, écrire, nager, et jouer du piano.