Du droit au logement au droit du logement : l’Association suisse des locataires entre action politique et juridique.
Titulaire d’un Master en science politique à l’Université de Lausanne et lauréate en 2014 d’un prix de faculté pour son mémoire, Marie Métrailler a réalisé une thèse en science politique sous la direction de Bernard Voutat dans le cadre d’un contrat d’assistante diplômée au Centre de recherche sur l’action politique de l’Université de Lausanne (CRAPUL) de 2014 à 2019. Ses recherches portent sur les usages du droit dans l’action collective qu’elle a analysé à partir du cas de l’Association suisse des locataires.
Consacrée aux usages sociaux du droit dans l’action collective, cette thèse porte sur l’action menée par l’Association suisse des locataires (Asloca) depuis la fin des années 1960. Le droit y occupe une place prépondérante, d’abord dans son objectif politique, qui consiste à conquérir ou à préserver des droits en faveur des locataires, puis comme point d’appui dans le soutien individuel apporté à ses membres dans le cadre de ses services de conseil juridique.
La thèse analyse les conditions dans lesquelles ces deux modalités d’activation du droit s’articulent au sein de la même association. Fondée sur une démarche sociohistorique, la première partie étudie l’action de l’Asloca sur le terrain de la démocratie directe. L’usage répété de l’initiative populaire a contribué à ce que la revendication d’un « droit au logement », initialement portée par un mouvement social, soit prise en charge par un groupe d’intérêt parlementaire.
Partant d’une enquête ethnographique au sein d’une section cantonale (Asloca Vaud), la seconde partie traite des dispositifs de soutien juridique. Elle montre que l’autonomisation et la professionnalisation des services juridiques induit une transformation du profil des personnes engagées dans l’association, ainsi que de leur perception de ses buts. Elle étudie ensuite les modalités par lesquelles la défense juridique est assurée et en souligne l’ambivalence. La défense individuelle s’apparente à une forme de « guérilla juridique », mais elle traduit également une « tyrannie du singulier » inhibant le potentiel de montée en généralité du droit.