Neoliberalized feminism in Nigeria : “Developing” the global entrepreneurial woman
Eleanor est titulaire d’un BA en Sciences politiques et relations internationales de l’Université du Texas à Arlington, et d’une maîtrise en études du développement du Graduate Institute à Genève. Sa recherche de thèse est, pour elle, aussi politique que personnelle, de par son engagement dans les initiatives d’autonomisation des femmes : une problématique au cœur de son combat. Sous la direction de la Prof. Eléonore Lépinard (ISS), Eleanor T. Khonje a soutenu sa thèse le vendredi 12 juin 2020. Au-delà de son travail de chercheuse, Eleanor est également une stratège en communication et en leadership, travaillant principalement avec des femmes leaders dans des organisations internationales, des organisations non gouvernementales, des organisations intergouvernementales et des gouvernements, pour les doter des compétences nécessaires afin de développer et renforcer leurs forces individuelles et compétences de leadership authentiques. Elle élabore des programmes de leadership et de communication et propose des formations et des séances de coaching répondant aux besoins des individus et des organisations avec lesquels elle travaille.
L’imbrication toujours plus grande entre les secteurs privé et public, par le biais des partenariats public-privé (PPP) pour l’autonomisation des femmes et l’égalité de genre, aussi appelée “économie intelligente” et/ou “analyse de rentabilité” pour l’égalité de genre, est un phénomène nouveau que les féministes qualifient de processus de “néolibéralisation du féminisme” ou, simplement, de “féminisme néolibéral”.
La présente recherche souhaite ainsi élucider l’ambiguïté de ce phénomène à l’aide de deux questions : (1) De quelle manière l’implication du secteur privé, par le biais des projets d’économie intelligente (PEI), a-t-elle influencé le fonctionnement et le ciblage de ces nouvelles initiatives ? (2) De quelle manière le féminisme néolibéral, à travers ses PEI, transforme-t-il les subjectivités des femmes, notamment des femmes bénéficiaires, dans le monde en développement ?
Si l’émergence des PPP et la relation croissante entre le développement et les entreprises ont déjà fait l’objet de recherches, les effets de ces programmes sur les subjectivités des femmes et sur l’égalité de genre n’ont jamais encore été étudiés. Du reste, contrairement à une critique féministe du néolibéralisme généralement théorique, la présente recherche est de nature empirique et prend pour cas d’étude l’initiative « Goldman Sachs 10 000 femmes » au Nigeria.
Comme le montre ma recherche, le féminisme néolibéral, phénomène d’une extrême complexité, repose sur la récupération des principes critiques du projet politique féministe, en en dépolitisant les objectifs au nom de la colonisation néolibérale et au profit des acteurs des secteurs public et privé, lesquels s’y conforment d’une manière différenciée en fonction de leurs intérêts respectifs. À travers ces processus, les femmes bénéficiaires de l’Initiative Goldman Sachs apprennent à se comporter comme des sujets entrepreneuriaux néolibéraux, ce que j’ai appelé la subjectivité de la Femme Entrepreneure Globale (GEW), c’est-à-dire qu’elles apprennent à se voir, avec le féminisme néolibéral, comme autonomisées et libres.