Aux sources de l’inclusion financière à Madagascar : quand le microcrédit tente de cerner la pauvreté et l’exclusion
Cathy Hasimbola a obtenu une Maitrise en Sciences Sociales Appliquées au Développement de l’Université Catholique de Madagascar et un Master en Sciences Sociales de l’Université de Lausanne. Elle s’intéresse aux problématiques liées à la pauvreté dans la région de l’Afrique Subsaharienne. Sous la direction du Prof. hon. François-Xavier Merrien (ISS), son travail de thèse, qu’elle a défendu le 24 novembre 2020, explore les questions d’inclusion financière et de lutte contre la pauvreté à Madagascar.
L’inclusion financière est une stratégie dorénavant majeure dans la lutte contre la pauvreté à Madagascar et le microcrédit constitue l’approche la plus aboutie pour sa promotion. Le microcrédit garantit une amélioration du « bien-être » à travers l’accès à un service financier. Avec d’autres services comme l’assurance, le transfert d’argent ou l’épargne, le microcrédit compose la microfinance. D’abord propulsé par le succès story du microcrédit et de la Grameen Bank au Bangladesh dans les années 70, un grand nombre de pays s’est inspiré de la pratique pour la décliner sous plusieurs formes, en l’occurrence Madagascar.
La spécificité du contexte socioéconomique malgache qui est marqué par des crises politiques répétitives, ainsi que la multiplicité des facteurs exogènes « insaisissables » dans l’analyse de la microfinance incitent dans cette recherche à nuancer une lecture (traditionnellement) utilitaire pour privilégier une approche socio-anthropologique basée sur des observations et des entretiens. L’objectif de cette recherche est ainsi de dégager les logiques de l’inclusion financière à travers les réformes institutionnelles du microcrédit qui ont abouti aux impacts différenciés sur le « bien-être » des bénéficiaires.
Cette recherche présente d’abord la trajectoire de la finance inclusive à partir de la mise en place du microcrédit à Madagascar dans les années 90 et de l’évolution de son cadrage institutionnel à travers les stratégies nationales successives. Elle analyse ensuite le rôle des institutions de microfinance dans la mise en place d’une « culture de la microfinance » dans le contexte social spécifique malgache. Enfin, elle rendra compte de l’état de « bien-être » des bénéficiaires et de l’appropriation de nouvelles stratégies individuelles issues de l’« éducation financière ». L’inclusion financière qui se veut participative tend à mettre en lumière, paradoxalement, l’homo œconomicus qui ne se suffit pas pour sortir les bénéficiaires de la pauvreté.