La construction sociale des représentations politiques du terrorisme. Le cas des attentats individuels.
Après un Bachelor en science politique et un Master en politique et management publics, Aurélie Favre a débuté sa carrière au Département fédéral des affaires étrangères puis a rejoint, après quelques années, l’Office fédéral de la police où elle était en charge de la coopération policière internationale, tant aux niveaux multilatéral que bilatéral. À l’heure actuelle, elle occupe une fonction de cadre supérieure à la Police municipale de Lausanne. Sa thèse, qu’elle a soutenue le 4 novembre 2020 sous la direction du Dr. Ami-Jacques Rapin, MER, a donc été rédigée en parallèle à son activité professionnelle à temps plein.
Comment la signification politique d’un acte individuel de violence se construit-elle et comment les « faiseurs d’opinion » en viennent-ils à qualifier un cas d’attentat politique ? La réponse apportée ici mêle, d’une part, une approche historico-juridique qui retrace la genèse et le développement des représentations de l’attentat politique – conceptualisé à son origine par le lexique de la « terreur » – et, d’autre part, une analyse des représentations professionnelles qui interviennent dans le processus de catégorisation des actes individuels de violence en tant qu’attentat politique ou crime de droit commun.
Plusieurs variables, ou traits supposés discriminants, sont évalués pour comprendre leur rôle dans l’attribution d’une qualification et catégorisation d’un acte individuel de violence, dont notamment : le profil de l’auteur, la poursuite d’une idéologie affichée par ce dernier, la maladie mentale, la revendication et la cible. Cinq cas d’étude sont mobilisés : l’attentat du Parlement de Zoug (Suisse) de 2001, les attentats d’Oslo et d’Utøya (Norvège) en 2011, les attentats de Toulouse et Montauban (France) en 2012, l’attentat de Nice (France) de 2016 et l’attentat de Salez (Suisse) en 2016.
L’analyse empirique qui forme le cœur de cette thèse s’articule autour de l’analyse d’entretiens semi-directifs menés auprès de « faiseurs d’opinion » en Suisse, à savoir des experts du « terrorisme » et des journalistes. En effet, « agir sans réellement définir », tel pourrait résumer la situation qui prévaut ; à savoir que les compréhensions et les qualifications des attentats individuels – politiques – se fondent sur un processus de construction sociale au travers des représentations personnelles d’experts, des représentations émanant de l’habitus secondaire et du sens commun qui s’agrègent et deviennent, in fine – grâce au principe des actes performatifs – projetées dans l’espace public et considérées comme officielles, peu questionnées et peu questionnables.