Elise Dan-Glauser est Professeure Assistante à l’Institut de Psychologie (SSP, IP) en Psychologie de l’Émotion sur un financement Eccellenza du FNS. Entrée à l’Unil en 2015 sur un subside Ambizione-SNF, elle a auparavant effectué un doctorat à l’université de Genève et un post-doctorat à l’université de Stanford, CA, USA.
Quel est le parcours qui vous a amenée à devenir chercheuse ?
Passionnée par tous les domaines de la psychologie, j’ai beaucoup apprécié mes études jusqu’au Master. Comme beaucoup d’étudiant·e·s, je pensais me tourner vers une pratique clinique, même si je n’étais pas vraiment convaincue. Et puis, il y a eu mon travail de Master, pour lequel j’ai eu l’immense chance de pouvoir être très impliquée dans une recherche sur les évaluations cognitives menant aux émotions… j’étais tombée dans la marmite de la recherche. Mon superviseur de l’époque m’a ensuite proposé une place de doctorat en me disant que j’étais plus faite pour la recherche que pour la clinique…et, bien sûr, il avait raison !
Quels sont les axes de recherche que vous avez privilégié à l’UNIL ?
Mon domaine de recherche est l’investigation des processus émotionnels. Je suis aussi spécialisée dans les processus de régulation et je combine ainsi plusieurs axes de recherche sur les réponses émotionnelles (à la fois régulées et non régulées). La valeur ajoutée de mon approche est l’investigation simultanée des trois grandes réponses émotionnelles : expressivité, expérience, et réactions physiologiques.
Pourriez-vous nous décrire votre projet de recherche actuel ?
Depuis plusieurs années, mon groupe de recherche travaille sur l’efficacité de différentes stratégies de régulation émotionnelle. Plus nos recherches avançaient, plus j’étais sceptique avec la catégorisation des stratégies comme étant soit adaptées, c’est-à-dire aptes à réguler nos émotions, soit inadaptées, étant parfois contreproductives et générant beaucoup d’émotions négatives. Je me suis alors demandé si l’efficacité d’une stratégie ne pouvait pas dépendre de qui la pratiquait. J’ai alors construit un projet qui examine comment la personnalité pouvait conditionner l’émergence émotionnelle ainsi que la sélection, l’implémentation et l’efficacité des stratégies de régulation émotionnelle.
Quel souvenir gardez-vous de vos différentes collaborations internes et externes ?
Au cours de ma carrière, j’ai eu la chance de travailler dans des équipes aux fonctionnements très différents, ce qui m’a énormément appris sur les différentes façons de faire de la recherche. Ce qui me réjouit le plus, c’est de constater que les collaborations tiennent malgré le temps et la distance. Pouvoir échanger des idées avec des collègues de toute la planète, avec certains depuis plus de 10-15 ans, et voir nos idées respectives évoluer avec le temps, c’est extrêmement riche. En arrivant à l’Unil en 2015, et bien que je n’y ai jamais étudié ou travaillé auparavant, j’ai eu l’impression de « rentrer à la maison » tellement l’accueil de mes collègues fut chaleureux. J’y apprécie les échanges toujours constructifs et bienveillants qui nous font avancer, à la fois dans nos recherches et dans notre identité de chercheur.
Quelles difficultés avez-vous éprouvées dans le travail de recherche ?
Deux éléments me viennent à l’esprit. Premièrement, le fait que la recherche prenne beaucoup de temps. Pour quelqu’un avec aussi peu de patience que moi c’est parfois difficile, particulièrement par rapport aux temps de publications. Deuxièmement, l’incertitude des contrats à court termes (2 ans, 3 ans, 5 ans …) me donne l’impression que le potentiel des chercheurs non-stabilisés n’est pas vraiment exploité. Les recherches d’envergure et ambitieuses sont, dans ce cas, encore plus risquées car on ne sait jamais si on pourra avoir les ressources pour les mener à bien dans les meilleures conditions.
Quels sont les talents cachés qui vous ont aidé à surmonter ces difficultés ?
Le multi-tasking pour la première difficulté : avoir « plusieurs casseroles sur le feu » permet de pouvoir toujours avancer même si un des projets doit être mis un certain temps en standby. Et je dirais la persévérance et l’organisation pour la deuxième. Incessamment rechercher du financement ou des plans pour la suite de sa carrière est indispensable pour pouvoir palier à différentes époques d’incertitude professionnelle en ayant la possibilité de continuer les projets en cours.
Comment envisagez-vous la suite ?
Avec mon financement Eccellenza que j’ai commencé en février, j’ai la chance d’avoir plusieurs années devant moi pour développer ce programme de recherche ambitieux auquel je tiens particulièrement. La possibilité d’encadrer des doctorant·e·s et de continuer à enseigner à nos étudiant·e·s sont aussi des activités qui sont très importantes pour moi et que je me réjouis de poursuivre dans les années à venir. L’idéal pour ensuite serait qu’il y ait, pas très loin d’ici, une place stable de Professeur·e en Psychologie de l’Émotion à laquelle je pourrai postuler.