Un système “de milice“ sélectif. Recrutement et profil socio-politique des élus communaux de Zurich, Lausanne, Lucerne et Lugano (1945-2016)
Après un master en Science politique à l’Université de Lausanne, Roberto Di Capua obtient le Prix de la Faculté des Sciences Sociales et Politiques pour un essai d’épistémologie marxiste réalisé dans le cadre de son travail de Master. Il a travaillé comme doctorant FNS sur le projet Urban Transformation and Local Political Elites (obtenu par O. Mazzoleni, A. Pilotti et A. Mach) puis comme Assistant diplômé à l’Institut d’études politiques de 2016 à aujourd’hui. Il a soutenu sa thèse de doctorat le 29 septembre 2020 à l’Université de Lausanne sous la direction du Professeur André Mach et la co-direction du Professeur Oscar Mazzoleni. Ses intérêts de recherche concernent la politique suisse, la politique locale et urbaine, l’étude des élites politiques, l’épistémologie des sciences sociales.
Cette thèse de doctorat est une recherche sur la représentativité des membres des législatifs communaux. Nous y analysons le système de recrutement des membres des législatifs locaux en Suisse ainsi que l’évolution historique de leur profil social. Ce faisant, cette thèse a pour objectif de mettre l’idéal démocratique du « système de milice » à l’épreuve de faits empiriques et historiques.
La recherche est menée à travers une approche comparative et transdisciplinaire faisant tant appel aux méthodes de l’histoire quantitative qu’aux analyses spatiales de la géographie urbaine ; ces méthodes sont appuyées par un corpus théorique principalement issu de la sociologie des élites, de la science politique et de la théorie politique.
L’étude a été menée à partir de la constitution d’une importante base de données biographiques sur les membres des législatifs communaux élus dans ces quatre villes depuis 1945 (N = 2648) qui participe à compléter l’actuelle Base de données sur les élites suisses de l’Observatoire des élites suisses (OBELIS) de l’Université de Lausanne. Cette recherche représente la première étude diachronique (sur une longue période) et comparative sur le profil des élus des législatifs locaux en Suisse ; un organe et des élus également largement ignorés jusqu’à aujourd’hui par la littérature internationale.
L’apport premier de cette recherche est de mettre en évidence que le système de recrutement des élus locaux urbains est socialement sélectif en fonction de critères sociaux et spatiaux (âge, sexe, niveau d’étude, profession, ancrage local, quartier d’habitation). Elle met ainsi en question l’identité « gouvernants-gouvernés » idéalisée en Suisse par l’idée de « milice politique ».