Representations of normalization among Palestinians: From political discourse to intergroup contact with Israelis
Mai Albzour is a lecturer at Birzeit University in Palestine, where she obtained a Master in Sociology. Mai has published in the areas of political analysis and sociology (e.g., the status of women in Islam). Later on, while obtaining her doctorate, she was a researcher in the Pluralistic Memories Project (PMP) between the University of Lausanne and Birzeit University. Her research interest is about understanding the intergroup relations between Palestinians and Israelis, more precisely the phenomenon of normalization within the settler colonial context in Palestine, intergroup contact, settler colonial structure, social change and social identity. She defended her thesis on the 13th of November 2020, under the supervision of Prof. Eva Green
Le phénomène de « normalisation » est probablement un des aspects les plus controversés et les plus problématiques du conflit israélo-palestinien. Utilisant une approche méthodologique plurielle, je retrace l’émergence historique du concept de « normalisation » dans le contexte arabe, examine comment les Palestiniens comprennent ce concept (i.e. contact/interactions entre Israéliens et Palestiniens), et comment les expériences de contact intergroupe forment leurs attitudes envers les comportements de normalisation avec les Israéliens.
Dans l’étude 1, afin de retracer l’histoire du concept de normalisation dans le discours nationaliste arabe, j’ai utilisé l’analyse de discours critique et la généalogie de Foucault pour comprendre l’émergence du terme de « normalisation », sa signification et les pratiques qui lui sont associées. Cette perspective théorique implique de comprendre comment les relations de pouvoir produisent la signification de certains concepts à un moment historique spécifique.
Mon analyse du discours nationaliste arabe avant et après le traité de paix israélo-égyptien de 1978 indique que la normalisation — et sa signification — a été imposée par le pouvoir colonial, et que les pratiques de normalisation sont apparues avant que le terme ne soit utilisé, mais étaient dénotées par des labels différents. De plus, un nombre conséquent de recherches psychosociales a montré les effets bénéfiques du contact intergroupe positif pour améliorer les attitudes intergroupes.
Cependant, des recherches récentes ont révélé que les membres de groupes désavantagés sont moins enclins à se mobiliser pour le changement social quand ils ont des expériences positives de contact avec les groupes dominants. Ce phénomène, appelé « effet sédatif » ou « paradoxal » du contact intergroupe, nuance le message optimiste délivré par la littérature sur le contact intergroupe. De plus, il a été montré que le contact intergroupe négatif influence tant les attitudes intergroupes que la relation entre contact positif et préjugé.
Ces nouvelles lignes de recherche sur le contact intergroupe fournissent les bases théoriques des études 2 et 3, qui portent toutes deux sur l’impact des expériences positives et négatives de contact avec les Israéliens sur les attitudes des Palestiniens envers la normalisation. Sur base d’une enquête transversale (N=150 Palestiniens adultes en Cisjordanie), l’étude 2 a montré que la plupart des définitions de la normalisation portaient une connotation négative, et que l’adhésion des Palestiniens à la normalisation médiatisait la relation entre contact intergroupe et motivation à la résistance.
L’étude 3, basée sur un échantillon représentatif stratifié (N=1000, en Cisjordanie et à Jérusalem), a montré que les contacts intergroupes positifs et négatifs prédisaient tous deux les attitudes envers la normalisation. De plus, le contact négatif modérait l’effet sédatif du contact positif, mais seulement à Jérusalem. Pris ensemble, les résultats rapportés dans cette dissertation ont des implications importantes pour les débats palestiniens sur la normalisation, pour les décideurs politiques, et pour la théorisation psychosociale du contact intergroupe.