Dans le cadre du programme Spark, le FNS privilégie l’essai de nouvelles approches, méthodes, ou idées d’applications scientifiques. Lors du premier appel, il a soutenu quatre projets proposés par des chercheurs· euses de la Faculté des SSP. Coup de projecteur sur les idées prometteuses de Maria del Río Carral (PHASE, IP), Paolo Ruggeri (BEAM, IP), Anatolia Batruch (UNILAPS, IP) et son équipe, et de Boris Beaude (STSLab, ISS).
Vlogging et santé : la culture des médias sociaux et le (re)façonnement de pratiques de santé par des Youtubers
Ce projet exploratoire et interdisciplinaire, dirigé par la Dre María del Río Carral (PHASE, IP), étudie des pratiques relatives à la santé et bien-être produites par des vloggers professionnel·le·s via la plateforme Youtube, l’un des réseaux sociaux les plus influents de nos sociétés contemporaines.
Favorisant la création d’espaces virtuels sous forme de vidéo, Youtube est devenu un véritable moyen de communication et de visibilité. Ses fonctionnalités ont rendu possible la montée d’une nouvelle activité professionnelle, celle des vloggers. Ces Youtubers produisent des vidéos de leur vie quotidienne en mettant en scène leurs pensées, sentiments, intérêts et conseils dans des domaines tels que la santé et le bien-être, la beauté, les jeux vidéo ou le style de vie. Ces ‘micro-célébrités’ visent à établir une relation dite ‘authentique’ et ‘intime’ vis-à-vis des consommateurs·trices. Leur forte influence envers les personnes abonnées à leurs chaînes est désormais avérée.
Dans ce contexte, la santé et le bienêtre sont devenus des domaines de vlogging particulièrement populaires. Toutefois, ces pratiques demeurent peu explorées du point de vue scientifique et les données préliminaires dans le domaine sont inexistantes, d’où l’intérêt de cette étude en psychologie de la santé qui vise à comprendre comment la culture des Youtubers est en train de (re)définir le champ de la santé par l’activité de vlogging. En particulier, par une approche novatrice, ce projet tiendra compte des manières dont les Youtubers engagent leur corps et leurs récits dans des pratiques de santé quotidiennes et dans quels contextes spécifiques ces pratiques sont produites. La méthodologie permettra d’appréhender un type nouveau de matériel, les vlogs, par des techniques originales, à la fois quantitatives et qualitatives. Les résultats attendus seront un premier pas, néanmoins majeur, vers la compréhension des pratiques de santé produites par des personnes qui incarnent une nouvelle forme de travail au sein d’une nouvelle culture digitale, les Youtubers. Aussi, les résultats montreront les possibles influences de ces vlogs sur les consommateurs. Enfin, ce projet donnera lieu au développement d’une méthodologie appropriée pour analyser la culture des Youtubers.
Réhabilitation des processus d’apprentissage par la neuromodulation de la dynamique des réseaux neuronaux
Les troubles de l’apprentissage correspondent à des difficultés à assimiler, comprendre et utiliser de nouvelles informations. Ils sont associés à des difficultés dans l’acquisition des certaines compétences de la vie. Des études récentes suggèrent une forte relation entre les troubles de l’apprentissage et les troubles socio-cognitifs tels que la dépendance, l’anxiété, les troubles du déficit de l’attention et les troubles cognitifs liés au vieillissement. À ce jour, nous nécessitons d’interventions quantitatives efficaces capables de révéler et d’exploiter le potentiel cognitif de l’individu pour améliorer sa capacité d’apprentissage.
Le présent projet, dirigé par le Dr. Paolo Ruggeri (BEAM, IP), vise à explorer cette problématique en s’appuyant sur les connaissances scientifiques issues des neurosciences cognitives et de la science des réseaux, en particulier. L’objectif principal est d’améliorer la compréhension de la relation entre l’activité cérébrale et la capacité d’apprentissage de l’individu pour développer des approches permettant de moduler efficacement l’activité cérébrale afin d’améliorer les capacités individuelles d’apprentissage. Plus précisément, le projet analyse, dans une première phase, l’activité cérébrale enregistrée avec l’électroencéphalogramme (EEG) pour identifier des marqueurs prédictifs des différences entre les individus dans leur capacité d’apprentissage. Dans une deuxième phase, ces relations seront utilisées pour développer des approches qui permettent aux individus de contrôler leur activité cérébrale pour améliorer leur apprentissage.
Le projet a le potentiel d’aider les personnes ayant des troubles d’apprentissage majeurs pour mieux gérer leurs ressources cognitives afin de rétablir un apprentissage efficace et, dans une plus large mesure, les personnes atteintes de neurodégénérescence, de troubles du mouvement et ayant subi un accident vasculaire cérébral.
Quel est l’impact psychologique d’appartenir à une classe sociale ?
Depuis la crise financière de 2008, de nombreuses études en psychologie, publiés dans des journaux prestigieux, ont montré qu’appartenir à une classe sociale affecte les cognitions, émotions et comportements des individus. Bien que cette littérature soit émergente, elle souffre de défauts majeurs limitant la possibilité de généraliser les résultats : les échantillons sont majoritairement petits et composés d’étudiants américains.
Premier projet de réplication à grande échelle, axée sur l’avancement d’un cadre théorique
Pour remédier à ces limites, le projet « Advancing Psychology of Social Class: A Large Scale Multi-Country Replication Project with Nationally Representative Sample » mené par la Dre Anatolia Batruch (UNILAPS, IP), le Dr. Nicolas Sommet (LINES, ISS) et la Dre Frédérique Autin (Université de Poitiers, France) prévoit deux volets. Le premier est une réplication directe à très large échelle des 35 effets-clés de la théorie de la psychologie des classes sociales. Un échantillon de 30’000 participants représentatif de trois pays (Suisse, France et États-Unis) sera collecté dans le cadre du projet. Le deuxième volet sera dédié à l’analyse des facteurs prédisant les variations culturelles de ces effets à l’aide de larges données d’enquêtes (World Value Survey ; N = 500’00) provenant de plus de 100 pays dans le monde. Ces deux volets serviront à la fois à tester la robustesse des modèles théoriques, mais aussi à affiner ces modèles en tenant compte du rôle modérateur de facteurs aussi bien individuels que culturels. Les solides preuves empiriques collectées au sein de ce projet pourront aussi servir de ressources pour l’élaboration de politiques sociales visant à lutter contre les inégalités sociales.
WikiWorlds : Exploring collective attentions from digital traces
Wikipédia est devenu l’une des principales sources d’information en à peine plus de deux décennies. Utilisée dans le monde entier à l’exception de la Chine, Wikipédia est aussi une source d’information d’une très grande richesse pour la recherche. Il est effectivement très rare et particulièrement difficile d’avoir accès à autant de données relatives à la consultation d’information par des centaines de millions d’individus. L’exploitation de ces données reste néanmoins très contraignante et largement sous-exploitée en sciences sociales.
WikiWorlds, mené par le Professeur Boris Beaude (STSLab, ISS), avec le Dr. Ogier Maitre et l’ingénieur de recherche Gilles Faucherand, est un projet expérimental qui a pour objectif de rendre les données de consultations des pages de Wikipédia plus accessibles et plus intelligibles à la recherche en sciences humaines et sociales. En particulier, ce projet explore les phénomènes d’attention collective, en étudiant leur constitution, leur variation dans le temps, mais aussi selon les aires linguistiques, en s’intéressant particulièrement aux phénomènes de synchronisation entre les différentes éditions linguistiques, lorsque surviennent des événements dont on peut ainsi apprécier l’importance et la mondialité relative. Pour cela, WikiWorlds analyse la consultation quotidienne de toutes les pages de Wikipédia, depuis 12 ans, dans les 299 langues qui disposent actuellement d’une édition.
WikiWorlds vise à généraliser le projet WikiMaps, soutenu par le FNS dans le cadre de l’instrument Digital Lives. WikiWorlds a vocation à promouvoir plus encore l’exploitation du potentiel des traces numériques en sciences sociales, à stimuler l’open science et à contribuer significativement à une meilleure compréhension de ce qui fait l’objet d’attentions collectives.