Des corps et des armes : Devenir un sujet genré par la pratique sportive du tir à l’arc et du tir à l’arme à feu en Suisse
Après un Master en Etudes Genre à l’Université de Genève, Solène Froidevaux a réalisé une thèse en sociologie sous la direction de la Prof. Eléonore Lépinard (CEG) dans le cadre d’un contrat d’assistante diplômée au Centre en Etudes Genre à l’Université de Lausanne, qu’elle a soutenue le 9 décembre 2019. Pour ce travail, elle a obtenu le Prix genre – Egalité femme-homme de la Faculté des SSP. Ses intérêts de recherche portent principalement sur les expériences corporelles des individus et notamment sur la manière dont leurs contacts aux objets et aux infrastructures matérielles s’articulent au genre et à d’autres dynamiques sociales. Elle s’intéresse également à la façon dont le sport, en tant que pratique corporelle mais également comme institution, contribue à créer certains types de corps, à les classifier et à les hiérarchiser au nom de l’équité sportive.
Le sport, et plus précisément les pratiques sportives de tir, sont souvent considérés comme des « fiefs de la virilité ». Cette thèse a pour ambition de réinterroger ce postulat au travers d’une étude des pratiques sportives de tir en Suisse. Pour ce faire, ce travail analyse les situations corporelles, et donc matérielles, des tireur·se·s et des archer·ère·s. D’une part, cette recherche s’appuie sur une enquête ethnographique sensorielle multi-sites de trois ans alliant observation, observation participante, apprentissage des pratiques et trente entretiens biographiques. D’autre part, ce travail repose sur un cadre théorique construit à l’intersection des théories féministes, de la socio-anthropologie sensorielle et matérielle, des théories de la subjectivation et de la phénoménologie.
Ainsi, cette thèse analyse non pas les individus en tant que tels, mais les processus par lesquels ils se constituent et/ou sont constitués comme genrés. La conceptualisation des processus de subjectivation de genre comme matériels et corporels permet de saisir comment l’ancrage des individus dans un espace fabrique le genre, le questionne et/ou s’articule avec d’autres dynamiques sociales, telles que le validisme, l’âge ou l’appartenance à une « communauté imaginée » telle que la nation.