Transnational private regulations of financialized land grabbing: Can human rights regulate finance?
Christelle Genoud a soutenu sa thèse le 3 mars 2020, sous la direction du Prof. Jean-Christophe Graz (IEP). Ses recherches portent sur la relation entre la finance et les droits de l’homme. Elle se concentre sur la financiarisation de l’agriculture, avec une étude de cas sur la production d’huile de palme en Colombie. Elle travaille actuellement en tant que Conseillère en sécurité humaine à l’Ambassade de Suisse à Pékin. Auparavant, elle a travaillé en tant qu’Experte associée en droits humains au Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (OHCHR) à Genève. En 2016 et 2017, elle a été chercheuse invitée à l’Université de Waterloo au Canada, et à l’Université Los Andes de Bogota en Colombie.
Ces dernières décennies, la pression croissante exercée sur les entreprises pour qu’elles respectent les droits humains et fassent preuve de diligence raisonnable s’est étendue au secteur financier. Confrontés à des scandales de plus en plus nombreux, les acteurs financiers reconnaissent désormais la nécessité d’investir dans le respect de normes et standards environnementaux, sociaux et de gouvernance. Cette reconnaissance a conduit à l’adoption de diverses réglementations volontaires s’appuyant sur les droits humains et autres standards contribuant à la jouissance de ces droits. La volonté des acteurs financiers de s’engager en faveur des droits humains est ainsi devenue un discours commun. Avec la financiarisation de l’économie, de plus en plus d’acteurs sont mus par des motivations et des logiques financières.
Le secteur agricole est un exemple illustratif où des acteurs financiers et des parties prenantes connexes se joignent à des initiatives volontaires, afin de réglementer les investissements fonciers à grande échelle. Des initiatives de gouvernance foncière ont été mises en œuvre afin de contrer les critiques concernant l’influence négative des investissements fonciers à grande échelle sur les populations locales.
Comment les initiatives de gouvernance foncière répondent-elles aux rapports de force inégaux liés à la financiarisation de l’accaparement des terres ? Pour répondre à cette question, cette thèse de doctorat analyse la triangulation entre finance, droits humains et régulation privée transnationale. Elle considère la finance non seulement au travers des acteurs financiers, mais place ces acteurs dans le contexte plus large de la financiarisation de l’économie. Les droits humains sont compris non seulement comme des instruments juridiques, mais plus largement comme des revendications politiques. Les initiatives de gouvernance foncière apparaissent comme une sous-catégorie de ce que les chercheurs en économie politique internationale (EPI) ont appelé la régulation privée transnationale, c’est-à-dire une forme hybride et ambiguë d’autorité ni entièrement privée ni publique.