La socialisation des jeunes des quartiers populaires par le football de compétition.
Cyril Nazareth est sociologue et débute sa carrière comme enseignant d’Éducation physique et sportive (EPS). Il prolonge sa formation initiale à la faculté des sciences du sport de l’Université de Poitiers par une première année de Master au département de sciences humaines et arts de la même université. Puis, il enseigne l’EPS pendant deux ans dans un collège parisien tout en menant une enquête ethnographique dans un club de football du Département français de la Seine-Saint-Denis (93). Une fois le Master PDI de l’EHESS validé, il débute sa thèse de Doctorat en cotutelle Université de Lausanne – EHESS, sous la direction conjointe de P-E. Sorignet (MER à l’ISS) et S. Beaud (Prof. à l’Université de Poitiers) qu’il soutient le 7 décembre 2019. Après un contrat d’assistant diplômé à la Faculté SSP (2012-2017), il enseigne les sciences sociales à l’UFR-STAPS de Paris Sud-Paris Saclay (2017-2019), puis à l’UFR-STAPS de l’Université de Picardie (2019-2020).
Sa thèse repose sur une enquête ethnographique menée dans deux clubs de football du département français de la Seine-Saint-Denis (93). Le matériau collecté a permis de documenter un espace de formation des jeunes footballeurs amateurs encore peu étudié. Ce travail propose de mettre en regard les croyances en un avenir sportif d’excellence et les probabilités de concrétisation de celles-ci. Les trajectoires sociales des jeunes étudiés s’inscrivent dans un espace hiérarchisé qui correspond à l’un des principaux bassins de recrutement des apprentis footballeurs professionnels français : la région parisienne concentre une masse de prétendants à la consécration de leur virtuosité technique et tactique. Dans ce cadre, la présence d’institutions footballistiques d’élite participe au processus d’identification des jeunes et de leurs encadrants au monde du football professionnel. L’étude des stratégies parentales de réussite des enfants, des sociabilités masculines, mais aussi du travail d’encadrement assuré par les éducateurs, éclaire les ressorts sociaux de l’investissement dans la compétition sportive. Cette recherche montre que l’engagement dans ce processus de sélection recouvre des aspirations à la respectabilité de membres des classes populaires.
La première partie traite des stratégies parentales de réussite au cours du processus de sélection. On y met en lumière les pratiques favorables à l’incorporation des dispositions à jouer le jeu de la compétition. L’analyse du matériau collecté met en évidence la mobilisation des parents pour convertir l’héritage sportif (paternel) et les dispositions scolaires (maternelles) en profits symboliques. Cette étude s’inscrit dans la lignée des travaux selon lesquels la famille constitue le « lieu par excellence de l’accumulation du capital ». La seconde partie porte sur l’investissement des jeunes et de leurs encadrants dans le jeu de la concurrence pour la conquête des places les plus valorisées de l’espace footballistique. Les expériences juvéniles de la hiérarchie sociale s’accompagnent d’une acquisition des savoir-faire indispensables à la consécration. Une fois adulte, certains d’entre eux cherchent à acquérir renforcer ou défendre une respectabilité sur le terrain de la compétition de football grâce à la reconnaissance de leurs compétences à encadrer les jeunes.