Swiss Economic and Political Relations with Israel, Egypt and Syria during the Arab-Israeli Conflict (1967-1983)
Magnus Meister est titulaire d’un Master en histoire économique internationale de l’Université de Genève. Il a commencé sa thèse dans le cadre d’un projet FNS à l’Université de Lausanne. Suite à un séjour comme chercheur invité à l’Université de Georgetown, Washington D.C., il était engagé comme assistant à l’Institut d’histoire économique Paul Bairoch de l’Université de Genève, où il est actuellement chercheur postdoctorant. Dans ses recherches, il s’intéresse aux relations économiques de la Suisse avec des pays du Tiers Monde. Il a soutenu sa thèse en science politique le 15 novembre 2019 sous la direction de la Prof. Janick Schaufelbuehl.
Cette thèse analyse les relations économiques et politiques de la Suisse avec les principaux États engagés dans le conflit israélo-arabe, – Israël, l’Égypte et la Syrie – de 1967 à 1983. Elle le fait d’une perspective suisse, en combinant des sources d’archives publiques et privées avec des données descriptives sur les relations économiques bilatérales. Elle évalue l’importance des marchés étrangers pour l’économie suisse et l’influence des intérêts économiques sur la politique étrangère. L’étude montre comment des contraintes nationales, régionales et internationales des années 1970 ont façonné ces relations. Ces contraintes incluent entre autres les guerres israélo-arabes; la hausse des prix du pétrole et la crise économique internationale; l’implication des superpuissances; les fractures nord-sud; les contradictions du développement économique et des structures de pouvoir locales; et la crise de la dette du tiers monde dès 1982. Malgré ces risques se cristallisant autour du conflit israélo-arabe, l’engagement de la Suisse dans la région s’est accru durant la période considérée. Cet engagement économique n’était néanmoins pas uniformément réparti. En effet, l’implication croissante dans le monde arabe correspondait à une distanciation vis-à-vis d’Israël.
Cette thèse démontre que cette évolution est le résultat d’efforts coordonnés entre l’État et l’économie suisse. Les intérêts économiques – le maintien de stabilité macro-économique pour affronter la hausse des prix du pétrole et l’atténuation de la crise économique par la conquête de nouveaux marchés – ont joué un rôle essentiel dans cette politique étrangère. Située au cœur des antagonismes du Moyen-Orient, cette évolution ne pouvait être soutenue par les seules ‘forces du marché’ et nécessitait donc l’intervention de l’État. Si la politique de neutralité suisse s’est certes avérée utile, elle a dû être complétée par l’engagement de l’État sur le plan financier. En s’impliquant de manière sélective, l’État a joué un rôle crucial dans la promotion ou au contraire, dans la limitation des opportunités pour les entreprises suisses sur ces marchés étrangers. Cette étude montre comment la politique étrangère de la Suisse dans cette région politiquement sensible du tiers monde, bien qu’elle n’ait pas été totalement subordonnée aux intérêts des entreprises, a été fortement influencée par le secteur privé.