La socialisation au village. Encadrement des jeunes et apprentissage du politique en milieu rural
Après l’obtention d’un Master en Science Politique à l’Université de Lausanne, Alexandre Dafflon a réalisé une thèse en Sociologie et en Science Politique sous la direction du Prof. Olivier Fillieule (IEP) et de Muriel Darmon (Directrice de recherche au CNRS, EHESS, Paris) dans le cadre d’une cotutelle entre la Faculté des sciences sociales et politiques de l’Université de Lausanne et l’École des hautes études en sciences sociales. Durant son travail de thèse, Alexandre Dafflon a obtenu une bourse « Doc.Mobility » du Fonds national suisse de la recherche scientifique pour le projet « Observer les “années impressionnables” : la socialisation politique des jeunes en milieu rural » du 1er octobre 2015 au 30 septembre 2016 et a séjourné durant cette période à l’Université de Boston (États-Unis).
Cette thèse porte sur la socialisation politique des jeunes en milieu rural en Suisse romande. A partir d’une ethnographie au long cours des sociabilités juvéniles dans le rural vaudois et fribourgeois, elle s’attache à saisir les processus d’apprentissage du politique au sein d’organisations qui ne présentent aucun but politique mais qui encadrent la période qui clôt l’adolescence et qui ouvre l’âge adulte : les sociétés de jeunesse campagnarde (SJC). En retraçant les parcours antérieurs à l’engagement et en s’intéressant aux perceptions que les jeunes ont de leurs pratiques culturelles, la thèse montre d’abord que les membres des SJC forment un groupe dont les caractéristiques sont propres aux milieux populaires. Elle retrace ensuite les visions du monde auxquelles les jeunes sont soumis-es durant leurs activités et montre la manière dont l’institution les amène à se distinguer d’autres groupes sociaux, qu’ils viennent du « haut » ou du « bas », en apprenant à valoriser une morale de l’effort et du devoir. L’analyse souligne alors le rôle majeur que joue la sexualité dans ce processus. Elle fait de la persévérance hétéromasculine un des critères de l’acquisition d’une respectabilité sociale.
Enfin, la thèse traite des traductions dans la sphère politique d’un rapport au monde caractérisé par des rapports de classe et de genre. Elle montre que si ce rapport pousse les jeunes à mettre à distance la politique pour ne pas que s’impose, dans leur quotidien associatif, la domination culturelle, il les encourage à adopter une vision ‘positive’ de la politique et à développer un sentiment de devoir civique.