Party Change Between Disintermediation and Reintermediation: The Cases of the Partito Democratico and the Movimento 5 Stelle
Doctorante en Changement social et politique à l’Université de Turin et en Science politique à l’Université de Lausanne, Cecilia Biancalana est actuellement chercheuse sur un projet FNS sur “The Right-Wing Populist Discourse in European Cross-Border Areas”. Ses travaux portent sur les transformations des partis politiques, le populisme, la relation entre internet et politique. Elle a soutenu sa thèse en juin 2019 sous la co-direction du Prof. Oscar Mazzoleni (IEP) et Prof. Franca Roncarolo (Université de Turin).
Le but de cette recherche est de répondre à trois questions. La première concerne la manière dont les partis s’adaptent et évoluent en réponse à certains changements sociaux et politiques – et en particulier à un contexte caractérisé par la perception d’un refus des corps intermédiaires – notamment en ce qui concerne leur organisation interne. La supposition consiste à dire que les stratégies de désintermédiation, définies comme une rhétorique ou des pratiques développées par les partis afin de mettre en scène ou de créer une relation immédiate entre le leader et ses partisans, qui se produisent à travers l’affaiblissement de l’organisation interne du parti, sont la réponse des partis à de tels changements. La deuxième question concerne l’émergence de nouvelles formes d’intermédiation – soit sous la forme de la montée de nouveaux intermédiaires, soit sous la forme des tentatives des anciens intermédiaires d’éviter la désintermédiation – suite aux stratégies de désintermédiation des partis. Enfin, l’objectif est de déterminer si différents partis, et en particulier les «anciens» (traditionnels ou mainstream) et les «nouveaux», s’adaptent différemment.
A la lumière de ces questions, la thèse porte sur un seul pays – l’Italie – et deux études de cas: le Partito Democratico et le Movimento 5 Stelle. Les deux partis ont été observés de trois points de vue. Le premier est l’organisation. En analysant l’histoire organisationnelle des deux partis, leur organisation au niveau national a tout d’abord été observée afin de comprendre si et comment ils utilisent des stratégies de désintermédiation. L’étude des deux organisations a été conduite à travers l’analyse de documents et entretiens avec des informateurs clés, à l’aide des indicateurs développés dans le cadre de la recherche sur la intra-party democracy. Deuxièmement, en considérant que le changement technologique est considéré comme l’un des principaux moteurs des transformations qui poussent les citoyens à contourner les intermédiaires, le rôle d’Internet dans les stratégies de désintermédiation des deux parties a été examiné, et en particulier les outils qui permettent aux membres d’influencer directement la vie du parti: la plateforme en ligne Rousseau pour le M5S et l’expérience des «sections en ligne» (circoli online) et l’application mobile Bob pour le PD. Enfin, les recherches se sont concentrées sur ce qui se passe au niveau local. À cette fin, une recherche de terrain a été menée lors de la campagne de 2016 dans la municipalité de Turin, en observant une expérience de mobilisation de volontaires visant à la réélection du maire sortant du PD, Piero Fassino (appelé Noi Siamo Torino), ainsi que les pratiques de participation d’un groupe local du M5S.