Gymnastes médicales, masseurs, physiothérapeutes. Généalogie d’une profession (Suisse romande 20e siècle)
Après l’obtention d’une licence ès lettres à l’Université de Lausanne (2001) et d’un Bachelor of Science HES-SO en physiothérapie (2008), Véronique Hasler a intégré l’Unité de Recherche en Santé de la Haute école de santé Vaud (HESAV). A côté d’activités d’enseignement, elle y a réalisé sa thèse de doctorat, soutenue en février 2018, sous la supervision du Prof. Vincent Barras, directeur de l’Institut des humanités en médecine. Ses intérêts de recherche portent principalement sur l’histoire des professions et pratiques de santé et sur l’histoire du corps.
La physiothérapie est aujourd’hui la troisième profession de la santé en terme d’effectif, après les soins infirmiers et la médecine. Or, son inscription dans le champ médical, son rôle thérapeutique ou l’uniformité du groupe social qui la mobilise n’ont pas toujours été une évidence.
Partie de cette observation et de la volonté de contribuer à un pan encore modeste de la recherche historique, cette thèse retrace l’histoire de la physiothérapie au 20e siècle. Elle se focalise à la fois sur le groupe professionnel, l’activité économique et le phénomène culturel, tels qu’ils se déploient au cours de cette période en Suisse romande. Une place prépondérante est accordée à la question de la diversité, au sens défini par la sociologie des professions.
Le prologue rend compte des conceptions de l’activité et de ses transformations au travers des réglementations juridiques de l’entre-deux-guerres jusqu’au milieu des années 1960. La multiplication de ces définitions légales, en raison de la souveraineté des cantons en la matière, entraîne ou révèle des développements singuliers, fruits de volontés politiques ou de logiques professionnelles parfois divergentes. La partie principale de la thèse est consacrée aux femmes et aux hommes qui exercent la physiothérapie, ou plutôt certaines des modalités thérapeutiques qui finiront par la constituer, ceci pour une période qui court de 1890 jusqu’aux années 1960. Ce panorama met par ailleurs en évidence le croisement des cultures corporelles dont ils ou elles se réclament. L’épilogue s’intéresse à la physiothérapie à partir du moment où elle endosse une identité plus « établie » dans toute la Suisse. Elle relate les tentatives d’harmonisation de la profession à partir de la fin des années 1960, sous-tendues par l’entrée plus massive du physiothérapeute à l’hôpital, l’augmentation exponentielle de son effectif et l’adaptation de sa formation professionnelle.