La « bonne gouvernance » au Burundi (2005-2015) : influences, appropriations et résistances
Après avoir obtenu un Master en science politique de l’Université de Lausanne, Justine Hirschy a travaillé quelques années dans le domaine de la coopération internationale en Suisse comme à l’étranger. C’est suite à une année passée au sein du Bureau des Nations unies au Burundi qu’elle a fait le choix d’entamer un doctorat consacré à l’aide internationale dans ce pays. Elle a défendu sa thèse en octobre 2018 sous la direction d’Antoine Kernen (ISS).
Au Burundi – entre les élections post-transition de 2005 remportées par Pierre Nkurunziza et sa réélection controversée en 2015 – les organisations d’aide au développement ont largement accru leur présence au sein des arènes de fabrique de l’action publique. Cette participation dans les cercles de prise de décision s’est traduite par un alignement discursif du pays sur les standards internationaux. Cette thèse a pour objectif d’interroger l’influence des bailleurs de fonds (organisations bilatérales et multilatérales) sur les politiques nationales en matière de « bonne gouvernance » ainsi que les résistances qu’ils rencontrent. Inscrite dans la perspective d’une sociologie de l’action publique, elle étudie les interactions quotidiennes et concrètes entre les acteurs sur une longue durée pour mettre en lumière toute la complexité de ces processus. Plus précisément, cette étude propose une analyse de la mise à l’agenda (2007), de l’élaboration (2007-2011) et de la mise en œuvre (2011-2015) d’une stratégie nationale de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption. En se focalisant sur les acteurs étatiques et leurs interactions avec les bailleurs de fonds, cette thèse contribue à une compréhension plus fine de la fabrique de l’action publique dans un « pays sous régime d’aide ».