Faire et refaire le genre en éducation physique et sportive. Une analyse de l’activité située des élèves au sein de classes mixtes et non mixtes
Après avoir enseigné en tant qu’enseignant d’éducation physique et sportive (EPS) au niveau secondaire I et II, Antoine Bréau a rejoint la Haute Ecole Pédagogique (HEP) du Canton de Vaud pour poursuivre son travail de formateur et débuter sa thèse. Encadré par le Prof. Denis Hauw (ISSUL) et la Prof. Vanessa Lentillon-Kaestner (HEP), ce travail a interrogé la construction du genre, chez les élèves, au sein des classes mixtes et non mixtes en EPS. La soutenance publique de ce travail a eu lieu en mai 2018.
A une échelle internationale, au regard des inégalités entre les filles et les garçons, la mixité, en tant que principe pédagogique, est critiquée et fait face au retour de la séparation des sexes, jugée comme « une nouvelle option éducative ». En éducation physique et sportive (EPS), la question d’un enseignement mixte ou non mixte occupe une place importante et est fréquemment débattue. Face aux difficultés, plus nombreuses, rencontrées par des filles, la mise en place de cours séparés est notamment considérée par des enseignant(e)s comme une « stratégie » susceptible de favoriser leur participation et leur réussite. Pour autant, malgré ces objectifs affichés, les synthèses réalisées à propos de l’efficacité de la non-mixité sur la formation des élèves et sur leurs apprentissages soulignent le maintien des tabous et mentionnent le caractère crucial de nouvelles recherches, notamment qualitatives, afin de dépasser les seules anecdotes et autres discours qui accompagnent les pratiques séparées. En se rattachant à la fois au paradigme de l’énaction et à une approche du « doing gender », cette recherche a ainsi pour objectif de rendre compte de la dimension à la fois « située » et « dynamique » du genre (« faire et refaire »). Au sein des classes non mixtes, les modes d’engagement typiques repérés ont notamment permis de rendre compte d’une opposition stéréotypée entre le jeu « des garçons » (le « vrai jeu ») et celui « des filles ». L’identification au sein des leçons d’activités typiques de frustration, de protection, d’abandon et parfois de résignation, a toutefois permis de signifier la diversité des expériences vécues par les élèves en contexte non mixte, ainsi que le maintien de rapports de domination. Enfin, au regard du caractère plutôt continu de ces activités typiques, cette thèse témoigne de la complexité pour les adolescents de se « défaire », en classe, des normes de genre.