Fun et mégaphones : les scènes punks entre marginalité et politisation. Suisse, France, RFA et RDA (1977-1982)
Après une licence en Lettres, Pierre Raboud a été engagé comme assistant-doctorant au sein de l’Institut d’études politiques, historiques et internationales. Pour ses recherches, il a obtenu une bourse Doc.Mobilty du FNS au sein du Max-Planck Institut für Bildungsforschung de Berlin. Pierre Raboud a défendu sa thèse le 25 janvier 2016. Cette dernière a été co-dirigée par la Prof. Stéfanie Prezioso de l’Université de Lausanne et le Prof. Jeremy Gilbert de l’University of East London.
Cette thèse étudie l’émergence du mouvement punk dans la volonté d’inscrire ces pratiques musicales dans la situation politique et sociale de cette période marquée alors par une crise profonde. En effet, les années où les premiers groupes punks apparaissent dans les différents pays d’Europe continentale (1977-1982) correspondent à une période de forte transition, avec d’une part la fin des Trente Glorieuses et ses conséquences économiques et sociales, et d’autre part un essoufflement des mobilisations nées dans les années 1960 et 70.
A travers une approche comparative, cette recherche démontre dans un premier temps le caractère hétérogène de ce mouvement. En étudiant des scènes punks au sein de villes de quatre pays (Suisse, France, RFA et RDA), il est possible de déceler de fortes différences qui s’expriment à des niveaux multiples : productions musicales et textuelles ; rapports à l’engagement politique ; participation à des collectifs ; intégration aux industries culturelles ; etc. La prise en compte des spécificités politiques et économiques locales ambitionne, dans un second temps, de comprendre les causes de ces différences. L’approche comparative permet en effet de dégager des traits dominants au sein des scènes, parfois communs à plusieurs d’entre elles. A travers cette mise en dialogue entre pratiques culturelles et situation sociale et politique, cette thèse détermine les différents points forts de la signification historique du punk et de son évolution.
Qu’il s’agisse de son rapport à la crise, de son insertion au sein de l’espace urbain ou encore de sa dimension conflictuelle, le punk ne peut être réduit à une vision homogène, confinant sa subversion à un plan uniquement symbolique. Le punk constitue au contraire un objet de tensions entre différentes tendances, convoquant autant des logiques d’expérimentation esthétique que la participation à des mobilisations sociales plus larges.