Ce projet propose une nouvelle hypothèse explicative de la dyscalculie comme un déficit d’automatisation des procédures de calcul, notamment pour les additions simples tels que 3 + 4.
La dyscalculie
Les enfants et les adultes dyscalculiques présentent de grosses difficultés dans les activités numériques et les mathématiques. Ils peuvent peiner à faire de simples comparaisons de nombres (déterminer que 8 est plus grand que 5 par exemple), à comprendre le principe des nombres décimaux ou même à compter le nombre d’objets dans une collection. Cependant, leur plus grande difficulté est liée à la résolution d’opérations arithmétiques simples et notamment à la résolution d’additions. L’explication actuellement fournie pour rendre compte de ce déficit est que les enfants dyscalculiques ne parviennent pas à construire des associations entre opérandes et résultats. En effet, alors qu’un enfant de 10 ans est censé savoir que 3 + 4 = 7 sans avoir à calculer, les enfants dyscalculiques utiliseraient encore des procédures de comptage pour résoudre ce même type de calcul simple. Les enfants dyscalculiques souffriraient donc d’un déficit de récupération des résultats des problèmes arithmétiques en mémoire à long terme.
Une nouvelle explication de la dyscalculie
Cependant, nous avons récemment remis en question l’idée selon laquelle la récupération des résultats des additions simples en mémoire à long terme constitue la stratégie utilisée par les adultes experts lorsqu’ils doivent résoudre des additions simples tels que 3 + 2 ou 4 + 3. Au contraire, nous montrons que les experts utilisent des procédures inconscientes de comptage de 1 en 1 pour ces problèmes (4 + 3 = 5, 6, 7 par exemple). Nous émettons l’hypothèse que les procédures de comptage lentes utilisées durant l’enfance sont progressivement intériorisées au fur et à mesure de l’accélération de ces procédures jusqu’à leur automatisation. C’est ce processus qui, selon nous, ferait défaut aux enfants dyscalculiques qui continuent à utiliser des procédures lentes et couteuses cognitivement.
Notre projet
Afin de vérifier notre hypothèse, nous allons suivre des enfants dyscalculiques de 8 ans sur une période de 3 ans et mesurer à la milliseconde près leur temps de résolution pour chacun des problèmes additifs impliquant des nombres de 1 à 9. Nous prédisons une accélération des procédures de comptage moins rapide pour cette population par rapport à une population d’enfants contrôles du même âge mais sans dyscalculie.