Les métiers de la viande et des fleurs. Ethnographier le genre au travail
Isabelle Zinn est titulaire d’une Licence en Sciences de la Société de l’Université de Fribourg (branches sociologie, anthropologie sociale, science des religions). Assistante diplômée à l’Institut des Sciences Sociales de l’Université de Lausanne entre 2010 et 2016, ses intérêts de recherche comprennent en particulier les méthodes d’enquêtes qualitatives et la sociologie du travail, des groupes professionnels et du genre, avec une attention portée sur la mise en pratique du genre en situation professionnelle. Intitulée « Les métiers de la viande et des fleurs. Ethnographier le genre au travail », sa thèse, réalisée en co-tutelle sous la co-direction de Prof. Nicky Le Feuvre, ISS, et de Prof. Daniel Cefaï, EHESS, Paris, a été soutenue le 27 mars 2017.
Située au croisement de la sociologie du genre et de la sociologie des groupes professionnels, cette thèse vise à explorer quand et comment le genre devient un élément constitutif de l’organisation du travail dans les métiers de la viande et des fleurs. À partir d’une enquête ethnographique qui prête une attention particulière à l’agencement phénoménal des activités, elle s’attache à rendre compte de la manière dont les appartenances sexuées sont actualisées dans le cours des interactions professionnelles. Elle montre que les membres d’un groupe professionnel statistiquement sexué ne mobilisent pas toujours le genre de la même manière et ne l’investissent pas forcément d’une même signification opératoire.
Il ne s’agit donc pas de supposer d’emblée une pertinence constante de l’appartenance sexuée, même dans des contextes professionnels marqués par des asymétries profondes de ce point de vue. Il convient plutôt de reconnaitre que la mise en pratique du genre est susceptible de se décliner de façons différentes selon les contextes d’interaction. En insistant sur les effets de situation dans la manière dont les individus « font du genre » (do gender), cette thèse apporte une contribution originale à l’analyse des processus de (dé-)sexuation des activités professionnelles. Enfin, en s’intéressant à leur organisation et aux épreuves que les professionnel·le·s traversent, cette thèse propose une lecture sociologique de deux métiers qui demeurent encore peu ou pas étudiés.