Gli altri noi. Rom e residenti nella Svizzera italiana: etnografia e mediazione
Nadia Bizzini est titulaire d’une Maîtrise ès sciences sociales à l’Université de Lausanne portant sur les « néo-ruraux » suisses allemands installés dans une vallée tessinoise, et notamment sur leurs conflits avec les autres habitants. Elle a soutenu sa thèse le 18 janvier 2016 sous la direction du Prof. Jean-Philippe Leresche (IEPHI).
Cette recherche porte sur les roms (vlach) qui séjournent périodiquement en Suisse italienne, en camping-cars ou en caravanes, pratiquant un semi-nomadisme lié à des motivations principalement économiques, mais également familiales et religieuses.
Elle poursuit simultanément deux objectifs. Le premier est lié à un souci de médiation culturelle, qui rejoint les réflexions sur la façon de gérer au mieux les conflits entre les diverses composantes du vivre ensemble. Le second vise à approfondir la connaissance des populations roms concernées (lovara, ?urara ou kaldera?a, de nationalités italienne, française et espagnole). Les deux objectifs sont évidemment reliés, car comprendre les dynamiques conflictuelles exige la connaissance approfondie des acteurs/trices en interaction.
Les relations entre résident-e-s tessinois et roms ont évolué dans le temps, avec des oscillations entre le pôle du refus et celui de l’attraction, entre rejet et reconnaissance, méfiance et confiance. Ces variations historiques renvoient à un fondement commun, à une dynamique des oppositions réciproques.
L’analyse anthropologique a fait apparaître le rôle ambivalent du conflit dans la production et la reproduction de la relation d’altérité. L’exclusion des roms fournit à certaines tendances politiques locales l’occasion d’apparaître comme les protecteurs des résident-e-s contre les étrangers/ères ; inversement, l’opposition des roms aux gažés leur permet de resserrer leur communauté et de prévenir l’assimilation.
La médiation culturelle peut espérer gérer cette dynamique relationnelle, certainement pas la faire disparaître. Le modèle intégratif traditionnel de l’État-nation se révèle trop étroit pour accueillir la culture rom. Casser la résistance des roms envers le travail salarié et envers la scolarisation obligatoire, entraver leur semi-nomadisme (qui incite aussi leurs rencontres familiales et religieuses), refuser de reconnaître leur organe de justice interne et leur langue, tout cela ne ferait que concourir à leur disparition culturelle. Les roms sont conscients de ces possibilités, raison pour laquelle ils maintiennent une ambivalence relationnelle avec les gažés, quitte à apparaître comme des « tsiganes indésirables ».