Reconceptualizing Chinese State-Owned Entreprises in Africa : Double Embeddedness and Localization in Ghana
Katy Lam a récemment défendu sa thèse de doctorat à la Faculté des sciences sociales et politiques de l’UNIL, où elle a successivement travaillé dans le cadre d’un projet FNS sur les Chinois en Afrique de l’Ouest, puis en tant qu’assistante diplômée à l’Institut des sciences sociales (ISS). Elle avait auparavant travaillé pendant cinq ans dans le domaine de l’environnement pour l’ONU à Genève. Durant cette même période, elle y obtenait un Master en études de développement délivré par l’Institut des hautes études internationales et du développement (IHEID). Pour sa prochaine étape professionnelle, Katy Lam a obtenu un poste postdoctoral dans un projet de recherche sur la Chine, la migration et la globalisation, conjointement encadré par la Fondation Max Weber d’Allemagne et par l’Université baptiste de Hong Kong.
A contre-pied des approches postulant des relations de pouvoir asymétriques entre la Chine et l’Afrique, cette thèse interroge les « avantages comparatifs chinois » (pouvoir de l’État monolithique et avantages économiques) des entreprises publiques chinoises (EPC) en Afrique. Elle soutient l’idée selon laquelle les dynamiques de pouvoir entre les acteurs chinois et africains est dialectique et pluraliste, le capital social localisé étant le véritable avantage compétitif chinois en Afrique.
S’appuyant sur un travail de terrain ethnographique au Ghana, cette thèse montre que les EPC poursuivent leur mondialisation dans un double contexte : celui de la «retraite» délibérée de l’État chinois, et, de façon plus importante, celui de la gouvernance et de la société ghanéennes (caractérisées par un clientélisme des partis politiques, une dynamique d’extraversion et le pouvoir de négociation des travailleurs).
Les trajectoires d’expatriation/de promotion sociale des expatriés chinois et la mondialisation/localisation de leurs EPC s’influencent et se renforcent mutuellement. En cultivant des relations et des connaissances locales, une EPC provinciale au Ghana peut surpasser une grande EPC centrale, même si cette dernière reçoit plus de soutien de l’État chinois. En outre, les efforts récents visant à construire une «communauté chinoise socialement acceptable» au Ghana ont renouvelé la dynamique du pouvoir entre l’État chinois et les EPC.
Ces observations permettent de construire une nouvelle perspective des EPC en Afrique – la globalisation chinoise de « deuxième classe » : les EPC peuvent débuter avec peu de privilèges, mais leur promotion reste possible avec le temps.