Les métamorphoses de la figure parentale à l’Ecole des Parents de Genève (1950 – 2010)
Lorraine Odier est titulaire d’une licence et d’un DEA de sociologie de l’Université de Genève. Elle a soutenu sa thèse en octobre 2014, sous la direction de la prof. Véronique Mottier, et travaille actuellement comme chargée de recherche à l’EESP à Lausanne.
A travers l’analyse des archives d’une association – l’Ecole des Parents de Genève, qui, depuis 1950, développe des activités pour orienter les parents dans leurs pratiques éducatives – cette thèse s’intéresse aux métamorphoses de la figure parentale de 1950 à 2010. Suivant l’approche de la théorie discursive, elle interroge la manière dont des normes parentales sont construites discursivement dans le monde social. En particulier, explorant la production d’un discours para-étatique sur la parentalité, elle apporte un éclairage nouveau sur les transformations et les continuités dans les modes de problématisation de la question parentale au cours des dernières décennies et ouvre une voie à l’histoire des discours sur la parentalité en Suisse.
L’analyse de ce corpus d’archives (plus de 500 documents) permet d’appréhender un discours articulant différents savoirs sur les pratiques parentales et leurs modes d’appropriation par des intervenant-e-s en interaction avec des parents. Construite autour de trois axes, l’analyse porte sur les manières dont est légitimée l’intervention de l’association dans son contexte, sur les techniques d’orientation des pratiques parentales, et finalement sur la différenciation de sexe qui s’articule à ces discours.
Les résultats montrent que les discours sur les figures parentales varient en fonction d’événements du contexte et notamment des réformes des institutions de protection de l’enfance. Dans ce mouvement, des responsabilités toujours plus importantes quant à l’avenir de l’enfant sont imputées à la relation parent-enfant et plus spécifiquement à la relation mère-enfant. Par ailleurs, les résultats indiquent qu’une distinction de sexe se produit à chaque période autour de la figure parentale faisant varier les définitions des figures parentales féminines et masculines. De la même manière, ils montrent qu’une distinction sociale opère autour des figures parentales « repoussoir » ou « fragiles ».