L’entrée en EMS constitue une transition qui, sur le plan identitaire, met en péril le sentiment de continuité de la personne. Un projet de recherche, mené par Michèle Grossen (UNIL) et Tania Zittoun (Université de Neuchâtel) et financé par la Fondation Leenaards, étudiera le vécu des personnes âgées lors de leur entrée en EMS, en se centrant sur le rôle de la matérialité des lieux et des objets dans le développement psychologique.
D’un point de vue psychologique, l’entrée en EMS constitue un changement important dans la vie d’une personne et peut être vécue comme une rupture.
A l’image d’autres transitions qui marquent la vie de toute personne, cette transition implique des changements identitaires importants. Comment les personnes donnent-elles alors sens à cette transition ?
Pour répondre à cette question générale, ce projet s’ancre dans la psychologie socioculturelle et émet l’hypothèse selon laquelle les objets (photos, livres, films, objets personnels) et les lieux jouent un rôle majeur dans les transformations que vit la personne. Les objets pourraient, à certaines conditions, permettre à la personne de maintenir un sentiment d’identité (« rester la même ») et de garder un lien avec les autres. Les objets auraient alors la fonction de ressources psychologiques (ou « symboliques »).
Constituant une phase d’exploration, cette recherche aura pour but de mettre au point une méthodologie propre à étudier ces questions. Elle portera sur un seul EMS et examinera les fonctions de la matérialité et des objets à trois moments de la transition en EMS : (a) lors du déménagement en EMS (choix des objets qui sont laissés, emportés ou donnés) ; (b) lors de l’entrée en EMS (rencontre de nouveaux objets et lieux) ; (c) lors de l’installation en EMS lorsque s’instaurent de nouvelles routines dans la vie quotidienne. Sa réalisation recourra à des méthodes d’observation participante de type ethnographique, ainsi qu’à des entretiens semi-directifs avec les résidents, les proches et le personnel.
Cherchant à contribuer au développement de la psychologie du vieillissement en s’appuyant sur les apports de la psychologie socioculturelle, ce projet a aussi une visée pratique : améliorer la qualité de vie des personnes âgées en aidant les professionnels, les proches et les personnes âgées elles-mêmes à préparer, accompagner et gérer cette transition délicate, et ceci par des interventions qui ne portent pas directement sur des dimensions relationnelles, mais qui utilisent les objets comme médiateurs relationnels et ressources pour le développement de la personne. D’une durée d’un an, il comptera sur la collaboration de Madame Fabienne Salamin, titulaire d’un Master en psychologie de notre Faculté (option Psychologie de la santé et psychosociologie) et bénéficiant d’une bonne expérience dans la prise en charge des personnes âgées.
Michèle Grossen, professeure ordinaire (Unil, IP)
Tania Zittoun, professeure ordinaire (Université de Neuchâtel, Institut de psychologie et éducation)