The Role of Transnational Elites in shaping the evolving Field of Internet Governance
Jean-Marie Chenou est titutlaire d’un Master en Relations Internationales de l’Université Paris II et a enseigné cette discipline en Colombie avant d’être engagé comme assistant à l’IEPI en 2008. Il a soutenu sa thèse en mai 2014 sous la direction du Prof. Jean-Christophe Graz et a obtenu un prix de la faculté des SSP. Il est actuellement maître assistant suppléant à l’IEPI.
Cette thèse analyse l’émergence de la gouvernance d’internet comme domaine de la politique internationale entre les années 1990 et 2000. Loin d’avoir été intégrée au mandat des organisations intergouvernementales en charge des télécommunications, la gouvernance d’internet a fait l’objet de la création de nouvelles institutions, transnationales et largement privées. Alors qu’une large part de la littérature sur le sujet considère que cette innovation institutionnelle permet l’émergence d’un mode de gouvernance multipartenaire basé sur le consensus et la participation des différentes parties prenantes, cette thèse explore le rôle de groupes d’élites transnationaux dans l’évolution et l’institutionnalisation de la gouvernance d’internet.
A travers l’analyse systématique des réseaux d’acteurs et la reconstitution des débats, cette recherche met à mal la vision pluraliste d’une gouvernance multipartenaire et insiste sur le pouvoir des élites. Les groupes d’élites impliqués dans la gouvernance d’internet ont formé progressivement une « élite du pouvoir » transnationale dans ce domaine. Ils ont forgé un projet commun excluant un certain nombre d’acteurs et de sujets. Ce projet se focalise sur la création de marchés et se concrétise dans des institutions dominées par les élites.
Sur le plan théorique, cette thèse contribue au dialogue entre approches d’économie politique internationale (EPI) et de sociologie politique internationale (SPI) : elle combine l’apport des approches critiques en EPI dans le domaine de la gouvernance de la mondialisation et des concepts et méthodes issus de la sociologie des élites tels que les notions d’ « élite du pouvoir », de « champ », ou tels que l’analyse des réseaux sociaux.