Soutenu par le FNS, ce projet porte sur les fins de carrière professionnelle en Suisse. Il constitue une suite à la recherche « Le bénéfice de l’âge », retenue dans le cadre du projet « Vivre ensemble dans l’incertain » financé par l’UNIL et consacrée à la place et au vécu des seniors sur le marché du travail. L’équipe de recherche est composée de René Knüsel (ISS), requérant, ainsi que de Jean-Marie Le Goff (ISS) et Béatrice Vatron-Steiner (Institut la Source), co-requérants. Elle est complétée par deux chercheurs : Olga Ganjour (doctorante à l’UNIGE) et Jean-Pascal Correa (doctorant à l’Unil).
Cette recherche vise à mieux comprendre les transformations affectant la situation des personnes partant à la retraite en Suisse, ainsi que les risques liés à la période de fin de carrière professionnelle.
L’âge légal (64 ou 65 ans) a longtemps marqué la transition entre travail et retraite. Depuis les années 1990, les conditions comme la manière de vivre ce passage ont changé. De relativement uniformes, les trajectoires de fin de carrière sont devenues hétérogènes. Entre retraites anticipées (choisies) et retraits anticipés (départ non souhaité de son emploi), activités post-retraite par plaisir ou nécessité, le paysage de la fin de carrière s’est complexifié.
De ces changements naissent des risques de précarisation menaçant une partie des futurs retraités, qui ne sont plus en mesure de remplir les conditions qui leur garantiraient un niveau de vie suffisant. A la diversification des parcours professionnels, s’ajoutent l’émergence et la diffusion de différents risques liés au monde du travail tels que le chômage, la précarisation de l’emploi (temps partiel), un changement de poste entraînant une diminution du salaire, une mise à la retraite anticipée, mais aussi les maladies chroniques ou l’invalidité. Par ailleurs, les conditions matérielles des retraités tendent à se dégrader en raison de la pression politique visant à « garantir la pérennisation financière du système de retraite ». Une partie des prestations est d’ores et déjà menacée. Ainsi, l’avenir des seniors se trace entre des perspectives telles que : poursuivre volontairement une activité professionnelle au-delà de l’âge prescrit ; obtenir une flexibilisation de l’âge de la retraite pour tenir compte des situations particulières ; être contraint à travailler plus longuement en raison de l’élévation de l’âge légal de la retraite. Ces scenarii s’échafaudent alors que l’accueil des seniors en entreprise demeure mitigé, autant en raison des charges sociales que pour des motifs plus subjectifs connotés par l’âgisme.
Objectifs et méthodes de recherche :
Au travers d’une démarche mixte (quantitative : analyses secondaires à partir de données statistiques récoltées dans diverses grandes enquêtes ; qualitative : par divers entretiens individuels et collectifs), les travaux entrepris visent à mieux identifier la situation des personnes en fin de carrière, en tentant de comprendre l’envergure du phénomène et la manière dont la situation est vécue par les personnes directement concernées. Plus spécifiquement, il s’agira de :
- appréhender la multiplicité des trajectoires de vie et plus particulièrement celles qui présentent des risques de précarisation, en cherchant à identifier l’ampleur du risque et le profil des personnes concernées ;
- comprendre les dimensions de la précarisation et chercher à identifier la capacité des dispositifs de protection sociale actuels à anticiper et prévenir ces nouveaux risques.
René Knüsel, professseur ordinaire (ISS)