Vers une gestion de la nature en termes d’action publique. Analyse d’une dynamique d’appropriation des ressources végétales à Tobré, Nord Bénin
Nouratou Danko a obtenu une maîtrise en socio-anthropologie en 2002, puis un diplôme d’étude approfondie (DEA) en gestion de l’environnement en 2006, et un master en étude de développement à l’IHEID en 2008. Elle a soutenu sa thèse en juin 2014 sous la co-direction des professeurs François-Xavier Merrien et Yvan Droz. Elle est depuis 2004 chercheuse au Laboratoire d’Etude et de Recherche sur les dynamiques sociales et le développement local (LASDEL, Bénin et Niger).
Cette étude se fonde sur des recherches ethnographiques menées autour de la mise en œuvre d’une politique publique de gestion de la nature à Tobré, une région baatonu au Bénin. En particulier, la thèse se focalise sur une dynamique d’appropriation des ressources naturelles en rapport avec l’entrée en jeu de multiples acteurs publics et privés dans l’arène locale de gestion de la nature. En effet, ces acteurs ont acquis ces dernières années de l’expérience et de l’efficacité à la faveur de changements institutionnels et politiques, et s’incluent davantage dans le processus de décision au point de suppléer l’Etat dans les actions qui étaient ses prérogatives.
L’étude met en lumière les rapports de conflits, de compétitions, de concurrence ou de compromis autour des enjeux sociaux, politiques et économiques de protection de la nature. Elle décrit et analyse les formes d’interactions entre les différents acteurs individuels, collectifs et institutionnels, afin de mettre en évidence en quoi ces interactions participent du processus de mobilisation d’acteurs locaux et de confrontation de visions, qui finalement définit et oriente les politiques locales de protection de la nature. Pour atteindre cet objectif, l’étude mobilise des apports théoriques de plusieurs disciplines, notamment de la socio-anthropologie du développement, de l’histoire et de la sociologie politique. Elle repose également sur des données empiriques collectées à partir d’une combinaison d’outils techniques, des entretiens et des observations jusqu’au dépouillement de la presse et des études de cas.
Les principaux résultats montrent que les acteurs locaux, particulièrement les comités de gestion, sont parvenus à inscrire la gestion des ressources naturelles dans l’espace public à travers les débats dans les médias, les forums, les marches de protestation, etc. De fait, ils ont été capables d’influer sur le processus de définition et de mise en œuvre des politiques locales de protection de la nature et donc de reconfigurer l’arène locale de gestion des ressources naturelles. L’Etat et ses services déconcentrés, en premier lieu les services des Eaux et Forêts et la mairie, est ainsi amené à pactiser avec ces différents comités, sans pour autant perdre de leur notoriété. Au contraire, ils participent de la gouvernance de l’ensemble des actions et permettent de mettre en place des formes de gestion négociée.