Daniela Jopp a été nommée professeure associée à l’Institut de psychologie au 1er septembre 2014. Ses travaux visent à mettre en évidence les facteurs qui contribuent à un développement psychologique positif ainsi qu’au bien-être à tous les âges, avec un intérêt particulier pour la vieillesse.
Quel est le parcours qui vous a amené à devenir chercheuse ?
J’ai étudié la psychologie à la Freie Universität de Berlin, où je me suis particulièrement intéressée à la psychologie développementale du « lifespan ». J’ai ensuite suivi un programme doctoral de psychologie et de psychiatrie du vieillissement où j’ai obtenu mon doctorat sur les stratégies d’ajustement des personnes âgées. Par la suite, j’ai été chercheuse associée au Centre de recherche sur le vieillissement à Heidelberg et post-doc à l’Institut de technologie de Georgia, puis, entre 2008 et 2014, professeur associée à la Fordham University (Bronx, New York).
Votre domaine de recherche en une phrase ?
Je m’interroge sur les ressources personnelles (p.ex. la santé) et les caractéristiques psychologiques (p.ex. les croyances telles que le contrôle perçu ; les stratégies comme le « coping ») qui ont des conséquences positives sur la vie quotidienne (p.ex. l’augmentation du bien-être et des performances), et sur la façon dont ces différents facteurs interagissent.
Et un sujet plus précis en quelques mots ?
Actuellement, je m’intéresse aux forces psychologiques qui permettent aux centenaires de développer un sentiment de valeur et de satisfaction, alors qu’ils sont confrontés à de multiples pertes en terme de ressources en raison de leur âge avancé.
Pourquoi ce sujet de recherche ?
Au sein de ma famille déjà, j’avais pu observer de nombreuses différences dans la manière de vivre le vieillissement. Par exemple, mon grand-père était en très bonne santé physique et mentale jusqu’à ce qu’il décède d’un AVC à plus de 80 ans. Par contre, ma grand-mère a souffert d’une démence vasculaire et a passé une grande partie de sa fin de vie dans un établissement pour personnes âgées. Plus tard, quand j’ai commencé à faire de la recherche, je savais que je voulais en apprendre plus sur les facteurs qui influencent les trajectoires dans le processus de vieillissement, en particulier ceux sur lesquels nous pouvons avoir une prise.
Pourquoi faire cette recherche à la Faculté des SSP de l’UNIL ?
Un but de ma recherche est d’explorer la manière dont des individus de tout âge gèrent les difficultés ; je m’intéresse par exemple autant aux jeunes face à la transition à l’université qu’aux centenaires confrontés à la perte de la santé physique. Mon poste à l’UNIL est rattaché au PRN LIVES, ce qui représente une opportunité de collaboration interdisciplinaire avec d’autres membres de la Faculté, mais aussi la possibilité d’élargir mon propre champ de recherche.
Qu’attendez-vous de vos recherches ?
J’aimerais pouvoir montrer et démontrer qu’il ne faut pas avoir peur du vieillissement et que celui-ci se prépare pendant toute la vie, si l’on veut en faire une expérience positive. J’aimerais aussi sensibiliser la population au fait que notre vieillissement est déterminé par nos gênes et notre comportement, mais qu’il est aussi façonné dans un contexte social et culturel donné. D’ailleurs, mon travail met également l’accent sur le rôle des proches et sur les différences culturelles et sociales.
Quelles difficultés éprouvez-vous dans le travail de recherche ?
Souvent, dans nos recherches, nous nous concentrons sur les facteurs liés à l’individu, alors que les variables sociales et culturelles ont aussi une influence sur le vieillissement. Il est nécessaire de mener des recherches interculturelles sur le vieillissement afin de mettre en évidence les facteurs individuels qui peuvent être plus ou moins importants en fonction de contextes socio-culturels différents.
Quels sont les talents cachés qui vous aident à surmonter ces difficultés ?
Comme les données sont peu comparables entre les différents pays, j’ai commencé à mettre en place un réseau d’études international sur les centenaires, au sein duquel nous avons utilisé les mêmes méthodes de récoltes de données et d’analyse. A l’avenir, j’aimerais d’ailleurs pouvoir y intégrer des centenaires suisses.
Qui serez-vous dans 10 ans ?
On verra !