Cerveaux, sujets et maladies : contribution à une épistémologie historique de l’étude de I’activité cérébrale en psychiatrie
Après l’obtention d’une licence en sciences sociales et d’un DEA romand en sociologie, Vincent Pidoux a soutenu une thèse ès sciences sociales en juin 2012. Il enseigne actuellement les études sociales des sciences et de la médecine à la Faculté des SSP et poursuit ses recherches dans ce domaine au sein du Laboratoire de sociologie (LabSo), de l’Institut universitaire d’histoire de la médecine et de la santé publique (IUHMSP) et de l’Institut universitaire de médecine sociale et préventive (IUMSP). Ses intérêts de recherche portent sur les techniques visuelles de la médecine et des sciences de la vie, l’épistémologie historique des neurosciences et de la psychiatrie, la production et les usages des connaissances scientifiques en clinique.
Depuis la Décennie du cerveau, proclamée en 1990 aux Etats-Unis et en 1993 en Suisse, les neurosciences semblent avoir lié solidement la psychiatrie à la médecine somatique et aux sciences de la vie, notamment à travers la neuroimagerie fonctionnelle (TEP, IRM, EEG). Ces différentes techniques permettent d’enregistrer l’activité cérébrale humaine in vivo au cours de certaines tâches cognitives, et de la corréler à des diagnostics, des symptômes ou à des traits psychologiques. Elles promettent le développement d’une recherche enfin interdisciplinaire et translationnelle, qui vise l’application de la recherche fondamentale neuroscientifique à la clinique psychiatrique afin de résoudre la question des causes neurobiologiques des maladies mentales. Ce travail propose une autre histoire des techniques de neuroimagerie en psychiatrie, sur plus d’un siècle, en se basant sur des entretiens, des observations in situ et des sources historiques peu connues appartenant, entre autres, au passé de la psychiatrie académique suisse. Cette thèse montre de quelle manière la neuroimagerie fonctionnelle contribue à la formation de versions cliniques et expérimentales d’un sujet cérébral à l’intersection de la psychopathologie, de la psychopharmacologie et de la neuropsychologie cognitive.