The Normative Dimension of Social Life from the Second-Person Perspective
Maksymilian Del Mar a obtenu la licence en littérature, philosophie et droit à l’Université de Queensland (2004), un doctorat en droit à l’Université d’Edimbourg (2009) et un doctorat ès sciences sociales (2012) à l’Université de Lausanne sous la direction de la Prof. L. Kaufmann. Il est actuellement Lecturer in Legal and Social Philosophy à l’Université de Londres.
La thèse souligne que, pour rendre compte de la dimension normative de la vie sociale, il faut veiller à ne pas exclure la perspective de la deuxième personne – l’interaction irrégulière avec un autre individu – une perspective importante pour comprendre la vie sociale et la capacité requise pour y participer.
La vie sociale peut être conçue comme un équilibre entre le régulier et l’irrégulier, l’interaction entre des individus étant appréhendée comme l’expérience de chaque personne avec «l’autre» d’une manière qui n’est pas immédiatement compréhensible et qui ne peut, probablement, pas être ultimement comprise. Pour participer à la vie sociale, on doit avoir la capacité de rester hésitant et «réactif» dans ses relations avec les autres, de s’ouvrir à l’altérité et de tolérer l’ambiguïté et l’imprévisibilité des interactions sociales.
Adopter une perspective «à la deuxième personne» conduit à une autre façon de penser la normativité en général, et la dimension normative de la vie sociale en particulier. Il ne s’agit pas d’abandonner la distinction entre le normatif et le régulier – une distinction qui garde une importance fondamentale – mais il est essentiel de reconnaître l’irrégulier comme faisant partie de la vie sociale et comme étant digne, en tant que tel, d’être expliqué. En radicalisant cette perspective, on pourrait même envisager l’irrégulier comme étant consubstantiel à la normativité. Si l’on adopte une position moins extrême comme dans le cadre de cette thèse, on peut affirmer que tout compte-rendu de la dimension normative de la vie sociale doit prendre en considération l’importance de l’irrégularité dans la vie sociale. En guise d’exemple, une telle approche nous invite à considérer le jeu plus comme une expérience normative distinctive que comme des activités régies par des règles.
Finalement, la perspective «à la deuxième personne» implique que les conventions, les normes et les règles (1) ne déterminent pas ce qui est approprié ou inapproprié; (2) ne sont pas toujours nécessaires ; (3) ne gouvernent pas le fonctionnement de l’esprit ; (4) ne sont pas nécessairement partagées.