Puis vous avez continué avec la recherche ?
Pas directement. J’ai d’abord travaillé à la Confédération, et en même temps j’ai commencé une thèse en cours d’emploi. C’est seulement une fois mon doctorat en poche que je suis retourné dans la recherche. C’était un peu risqué car je quittais un poste stable à la Confédération pour un emploi de postdoc. Mais je voulais retrouver le monde académique. Après plusieurs autres projets, j’ai obtenu en 2014 un SNF Starting Grant pour le projet NORMDECS. Par la suite j’ai pu accéder à un poste professoral que j’occupe encore aujourd’hui.
Vous effectuez régulièrement des séjours à l’étranger. Dans quels contextes effectuez-vous ces visites ?
Quand j’étais postdoc c’était dans le cadre de projets de recherche : le but était d’avoir un retour critique sur mes travaux, et de m’inspirer d’autres façons d’envisager la matière.
Depuis que je suis professeur, je suis plus régulièrement invité pour donner des enseignements. Il s’agit d’interventions ponctuelles ou de cours complets, comme par exemple dans le cadre de l’accord avec la China University of Political Science and Law à Beijing, où j’enseigne une trentaire d’heure durant un mois.
Je tiens d’ailleurs à préciser que cela n’a rien d’extraordinaire: toutes et tous mes collègues de l’ESC voyagent pour leur recherche et sont invité·e·s à donner des enseignements.
Comment financez-vous ces séjours ?
Souvent je suis déjà sur place pour une activité de recherche et j’en profite pour intervenir ponctuellement dans le cours d’un collègue. Le financement vient donc du FNS ou d’autres bailleurs de fonds comme la Société académique vaudoise ou la Fondation pour l’UNIL, ce dont je suis très reconnaissant. Et si je me rends dans une université partenaire de l’UNIL, alors le Service des relations internationales participe aux frais de voyage.
Qu’est-ce que ces séjours dans d’autres universités vous apportent ?
Pour moi, ces visites à l’étranger sont une sorte de formation continue, une manière de se confronter à d’autres points de vue, à d’autres modes de fonctionnement. L’international est une source d’inspiration. On revient à l’UNIL avec de nouvelles idées et d’autres perspectives. Personnellement, c’est une occasion de me remettre en question, de raffiner la matière, de découvrir de nouveaux liens et d’améliorer mon enseignement.
Par ailleurs, nos collègues étrangers viennent aussi à l’UNIL pour collaborer à un projet de recherche ou pour y intervenir dans un cours. On pourrait penser qu’aller à l’étranger pour la recherche ou l’enseignement est une démarche égoïste, mais ce n’est pas le cas : il y a aussi un vrai retour pour l’institution.
Vous avez été invité dans plusieurs universités, notamment aux USA, en Italie, en Australie et en Chine. Est-ce qu’une de ces visites vous a particulièrement marqué ?
Chaque collaboration est unique. Mais au niveau des régions, j’aime bien les Etats-Unis car les gens sont très enthousiastes, passionnés, et accueillants. En Chine, ce qui m’impressionne beaucoup, ce sont les étudiantes et les étudiants : j’ai rarement vu ailleurs des personnes aussi motivées et travailleuses.
Chaque endroit a ses spécificités, c’est la diversité qui est intéressante.
Pour terminer, est-ce que vous auriez un conseil à donner à des chercheuses et chercheurs en début de carrière qui souhaiteraient développer leur réseau à l’international ?
La chose la plus importante, c’est l’attitude personnelle. Il faut être motivé, être prêt à se mettre au défi, et prendre des initiatives. C’est également utile d’identifier des personnes de son entourage qui ont un parcours international étoffé, elles peuvent aider à ouvrir des portes.
Le fait d’adhérer à des sociétés scientifiques est aussi très bénéfique. On peut rejoindre les comités qui organisent des évènements : quand on travaille à l’organisation d’une conférence, on est en contact avec toutes les personnes qui y participent. C’est extrêmement efficace pour faire la connaissance d’autres chercheuses et chercheurs, et ainsi élargir son réseau.