le graphisme pour l’écran. Diapositive, film fixe, cinéma, télévision (1945-1980)
Projet de recherche dirigé par Olivier Lugon, avec Sabine Egli, Baptiste Husi et Ariadna Lorenzo Sunyer
Bien avant l’avènement des écrans numériques, les arts graphiques connaissent entre les années 1950 et 1970 un véritable « tournant audiovisuel ». Nombre d’éditeurs et de graphistes cherchent alors à étendre leur champ d’action de la page imprimée vers de nouvelles formes de publications et de créations graphiques faites directement pour l’écran. Trois objets, reposant tous sur le support filmique, se situent au cœur de ces entreprises : le film fixe, la diapositive, le générique de film et de télévision.
Le film fixe, courte séquence d’images fixes et de textes préfigurant les actuelles présentations PowerPoint, connaît un grand succès dans l’édition pédagogique des années 1940-1950. Dès les années 1960, il est éclipsé par la diapositive individuelle, qui donne à son tour naissance à de nouvelles formes de publications lumineuses, « livres de lumière » ou « revues projetées », et à une importante production de diaporamas mono- ou multi-écrans, sous le nom d’« audiovision », de « multivision » ou simplement d’« audiovisuels ». Du côté de l’image animée, l’art du générique et du layout animé et sonorisé étend son essor au cinéma comme à la télévision.
Le projet de recherche, mené de 2024 à 2028, examine ces développements à travers l’exemple du pays qui à l’époque incarne plus que tout autre l’excellence et la modernité graphique, la Suisse, et propose ainsi une histoire élargie du « swiss style ».
Cette étude de cas vise à éclairer le rôle joué par les milieux des arts graphiques dans la définition de ce que l’on commence alors à appeler « l’audiovisuel » : comment ils ont fait émerger de nouvelles formes dynamiques de la communication graphique ; comment ils ont favorisé une conception des médias audiovisuels fondée moins sur une logique industrielle que sur une communication de la petite échelle et du rassemblement communautaire ; comment enfin ils ont contribué à l’entrée des médias dans les écoles d’art et d’arts appliqués, puisque c’est prioritairement dans les cursus de formation aux métiers du graphisme que se sont imposées les premières filières de communication audiovisuelle dans ces écoles.
Fondé sur la valorisation d’objets médiatiques, d’acteurs et d’actrices souvent négligés et sur l’exploitation de sources en grande partie inédites, ce projet de recherche entend contribuer à une généalogie de notre propre environnement médiatique et de notre confrontation désormais quotidienne au graphisme pour l’écran.