Réflexions autour du dernier rapport du GIEC

Aujourd’hui sort le 3e volet du 6e rapport du GIEC. Comme l’ensemble des rapports précédents, la science nous indique sans équivoque que nous continuons dans la mauvaise direction. En effet, nous n’atteindrons malheureusement pas l’Accord de Paris sur le climat dans lequel nous sommes engagé·e·s, bien que celui-ci ait été négocié et approuvé dans la joie par 196 nations.

Cet accord avait pourtant fixé l’objectif considéré comme sûr de maintenir la température moyenne globale au-dessous de 2 °C (idéalement 1.5 °C) par rapport à la période préindustrielle. Pour y parvenir, la solution est claire : comme le souligne une fois de plus le rapport du GIEC, il faut cesser immédiatement d’utiliser les énergies fossiles, dans certains cas même avant la fin de vie économique des infrastructures existantes. Le rapport va plus loin, et offre des pistes (donc des lueurs d’espoir) en indiquant : 

  1. que le coût des énergies renouvelables et du stockage de l’énergie continue de baisser de manière dramatique, rendant les systèmes énergétiques à bas carbone plus que compétitifs avec les énergies fossiles (voir figure SPM.4 du résumé pour décideuses et décideurs); 
  2. qu’il s’agit d’accélérer la production d’énergie renouvelable, tout en baissant notre demande d’énergie globale, une stratégie possible grâce à des politiques équitables de suffisance et d’efficacité énergétiques;  et 
  3. qu’il faut miser sur d’autres stratégies que le seul recours à la biomasse pour soustraire les gaz à effet de serre de l’atmosphère (par exemple en modifiant nos modes d’alimentation et en respectant davantage la biodiversité).
Figure SPM.4: Unit cost reductions and adoption in dynamic energy technologies. The upper panel shows levelised costs of electricity (LCOE) for rapidly changing mitigation technologies. This figure include photovoltaics (PV), onshore wind, offshore wind, concentrating solar power (CSP) and batteries and electric vehicles (EVs). Solid blue lines indicate average unit cost in each year. Light blue shaded areas show the range between the 5th and 95th percentiles in each year. Grey shading indicates the range of fossil fuel (coal and gas) LCOE in 2020 (corresponding to USD55-148 per MWh). LCOE allows consistent comparison of cost trends across a diverse set of energy technologies to be made; it does not include environmental and does not reflect variation in the value of electricity over time and space.

Ce rapport est d’une grande utilité, car il fait des propositions concrètes, et donc confère à chacune et chacun un cap évident à suivre – et les responsabilités y afférentes. Ici, j’aimerais réfléchir avec vous à celles de l’UNIL. La transition écologique, qui comprend la transition (ou, désormais, transformation) énergétique, fait d’ailleurs partie de ses cinq enjeux sociétaux prioritaires. Atteindre l’objectif de l’Accord de Paris me semble être un bon cadre de départ. La question est alors simple : l’empreinte carbone de notre activité nous permet-elle d’y rentrer ? Pour y répondre, basons-nous sur les estimations faites par l’UNIL depuis 2013.

Bien qu’incomplètes, ces données stipulent que nous avons produit environ 16’500 tonnes de « CO2 équivalent » en 2019, contre 9’600 en 2020, alors que l’université était en grande partie fermée en raison de la crise sanitaire. Sachant qu’une production d’une tonne de CO₂ équivalent (par personne) d’ici 2050, et finalement zéro net, permettrait de rentrer dans l’objectif de l’Accord de Paris et que les 22’000 personnes (environ 17’000 étudiant·e·s et 5’000 chercheuses et chercheurs, enseignant·e·s et membres du PAT) qui constituent la communauté universitaire ne fréquentent pas le campus 365 jours par an, force est de constater que notre empreinte carbone reste beaucoup trop élevée. À ceci s’ajoute le fait que ces estimations sont incomplètes, car elles ne comprennent pas des activités essentielles, comme la mobilité professionnelle (qui peut impacter au-delà de 50% le résultat de cette même recherche) et les pratiques privées de chacune et chacun. 

Il nous reste donc de sérieux efforts à faire sur de nombreux sujets, comme la consommation et le stockage d’énergie, notre rapport à la nourriture sur le campus, la mobilité professionelle, l’utilisation de la surface de travail, la gestion du parc informatique ou encore la gestion des avoirs financiers… Si le défi est énorme, je suis certain que nous pourrons y arriver collectivement. Comme le montre le rapport du GIEC, nous n’en avons d’ailleurs pas le choix. 

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Nous ne sommes pas du tout sur la bonne trajectoire. La bonne nouvelle, c’est que toutes les options sont à notre portée, mais une transformation radicale est indispensable.

L’interview de la prof. Julia Steinberger, sur le site CLIMACT
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