Rencontre avec Lise Michel, qui dialogue savamment avec des hommes et des femmes d’hier pour propager leurs échos riants et lettrés dans notre époque oublieuse et parfois trop portée à juger.
Si Molière revenait, il serait sans doute marri de voir tant d’outrances et d’antagonismes exprimés à travers tout le spectre politique et culturel. Mais s’il rencontrait Lise Michel, il retrouverait le sourire, car cette «femme savante» n’est pas du style à asséner ses opinions ni à étaler son savoir pourtant bien réel en matière de théâtre et de littérature.
La passion du théâtre
Née en 1974, cette Française arrivée à Genève en 2008 avec son compagnon a trouvé en 2011 un poste à l’UNIL en lien avec les études théâtrales. Professeure assistante, puis remplaçante, cette mère de deux enfants est professeure associée depuis 2021. Elle brave nos frontières cantonales pour vivre sa passion théâtrale, et donner à ses étudiantes et étudiants l’occasion de rédiger des critiques sur un blog relayé par une vingtaine de scènes romande). Un partenariat tissé dans le cadre d’un atelier de critique théâtrale ; elle assure également des enseignements en histoire littéraire et anime des séminaires de bachelor et de master. «La Suisse romande attire les meilleures troupes d’Europe et produit des spectacles aussi foisonnants et intéressants qu’à Paris, avec une sélection plus rigoureuse», assure-t-elle.
L’émotion tragique
En matière de recherche, elle se livre à un véritable travail d’enquête pour retrouver et analyser des textes méconnus, par exemple sur le théâtre à machines du XVIIe siècle: «Il s’agit de livrets publicitaires décrivant ces spectacles qui ne lésinaient pas sur les décors et les effets pyrotechniques, aquatiques ou autres ; ces écrits s’intéressent aux mouvements des machines et des comédiens et nous livrent ainsi une image contraire à l’austérité qu’on imagine volontiers pour le théâtre de cette époque», esquisse-t-elle.
La tragédie n’est jamais loin, quand on parle avec Lise Michel. On apprend que sa thèse à la Sorbonne (après ses études à l’École normale supérieure) portait sur la manière dont les contemporains de Corneille articulaient la rhétorique politique aux passions privées pour déclencher des émotions tragiques. Ce goût pour la politique habitait également Racine qui, proche du Roi-Soleil et de sa cour, a, comme on le sait, laissé une œuvre elle aussi toujours lue et jouée. «Je suis encore émue en lisant Racine», glisse-t-elle.
Elle est impliquée dans le projet FNS Agora «Rire avec Molière?», proposition romande adossée au Centre d’études théâtrales, et travaille notamment sur Les Femmes savantes et l’actualisation de cette pièce qui ne se moque aucunement des femmes. «Elles sont très présentes dans ce milieu mondain, dont les valeurs sont parvenues jusqu’à nos jours. Le public de Molière valorise les comportements modérés ; il rit des personnages excessifs, hommes et femmes, dont les outrances sont perçues comme comiques.»
On doit à Lise Michel quantité de notes et de précisions dans la nouvelle édition des œuvres complètes de Molière (Bibliothèque de la Pléiade en 2010). Mais il est temps ici de baisser le rideau…
Une ville de goût
Berlin, pour le côté innovant, sur le plan de l’offre culinaire, mais pas uniquement…
Une personne à sa table
La metteuse en scène brésilienne Christiane Jatahy.
Un goût de l’enfance
Le veau au citron, dans la recette transmise depuis mon arrière-grand-mère.