Un ouvrage retrace le sport universitaire lausannois, de ses prémices à nos jours.
Les sports universitaires fêtaient à la fin 2016 leurs 75 ans d’existence. A leur origine : L’odyssée du sport universitaire lausannois, une analyse proposée par Grégory Quin, maître d’enseignement et de recherche à l’Institut des sciences du sport, comme l’explique l’actuel directeur du Service des sports Pierre Pfefferlé en préface.
En parcourant ces 400 pages, force est de constater que le sport a dû batailler pour s’imposer auprès des Autorités universitaires avant qu’apparaisse, en 1941, le premier programme officiel. Car il fut un temps au cours duquel la pratique d’une activité physique, en plus de recevoir une éducation intellectuelle, n’allait pas de soi. Quand elle n’était pas tout simplement vivement critiquée par les recteurs en place jusque dans les années 40. Ce qui n’a pas refroidi certains jeunes séduits par les nouveautés venues d’Angleterre, comme le football. Reste que l’institution n’y prête aucune attention. Seules trois activités, plus nobles, sont proposées aux intéressés en marge de leur cursus: la gymnastique, l’équitation et l’escrime.
L’ouvrage proposé par Grégory Quin montre une évolution des pratiques et des mentalités qui s’articulent autour de deux concepts centraux. En premier lieu, le sport a réussi à se frayer un chemin grâce aux compétitions. Celles qui opposaient les sociétés d’étudiants par exemple, mais plus largement entre les universités elles-mêmes. Elles encouragent ainsi les directions successives à cesser de mépriser progressivement l’activité physique pour finir par la valoriser.
L’autre axe, c’est celui du sport-santé. A l’origine, seuls les garçons étaient astreints à se maintenir en forme. Raison simple: ils devaient être prêts pour le Service militaire. Puis l’éducation se fait plus large en même temps que l’appel du drapeau perd de son importance. Le bien-être est grandement promu pour des questions de santé publique, notamment par des médecins tels que Francis Messerli. Des bienfaits qui vont au-delà du simple aspect physique puisque les bénéfices se mesurent aussi au niveau de l’esprit.
Autre tournant majeur : l’arrivée de l’université à Dorigny. Le déménagement des hautes écoles a permis la construction de bâtiments dédiés à la pratique sportive. Un manque criant qui, une fois comblé, permettra la création d’un service, l’essor des disciplines ainsi que l’apparition des LUC, les clubs labélisés UNIL. / David Trotta
Les beaux enfants de l’image et du texte
«La poésie et le progrès sont deux ambitieux qui se haïssent d’une haine instinctive, et, quand ils se rencontrent dans le même chemin, il faut que l’un des deux serve l’autre.» Dans l’esprit de Charles Baudelaire, auteur de cette phrase tirée de Salon de 1859, le progrès est incarné par «l’industrie photographique», contre laquelle il livre une charge violente. Dès son invention en 1839, le procédé de reproduction du réel a suscité un mélange de fascination et de détestation, notamment de la part de certains peintres. Cet épisode est rappelé par Marta Caraion, maître d’enseignement et de recherche en Section de français, dans Photolittérature. Catalogue d’une exposition du même nom qui a eu lieu à Montricher l’an passé, cet ouvrage collectif, à la mise en page élégante, traite des relations passionnelles entre le texte et la photographie.
Dans son pamphlet, Charles Baudelaire concède toutefois à cette dernière le droit d’enrichir «l’album du voyageur» et accepte qu’elle puisse aider les naturalistes et les astronomes dans leurs travaux. En effet, au XIXe siècle déjà, les récits de voyage calmèrent les tensions entre les écrivains et les photographes. L’image a permis de lever les doutes sur la réalité des choses vues au bout du monde, en garantissant une certaine fiabilité au récit.
Très illustré lui-même, Photolittérature donne de nombreux exemples visuels des enfants produits par le couple Plume / Déclencheur. Parmi eux figure le roman-photo, qui décolle à la fin du XIXe siècle. Avec sa frivolité assumée et une certaine dose d’auto-parodie, ce genre populaire a contribué à décrisper les relations entre les deux modes d’expression, ouvrant la porte à l’acceptation des «œuvres mixtes», qui nous semblent naturelles de nos jours. Les surréalistes, quelques décennies plus tard, jouèrent également un rôle important dans le renforcement de cette collaboration.
Un chapitre traite de la place prise par l’image dans les récits autobiographiques, notamment depuis la seconde moitié du XXe siècle. L’artiste Sophie Calle en fait ainsi un usage intéressant. Enfin, Photolittérature présente plusieurs exemples de l’intérêt d’auteurs contemporains comme Annie Ernaux ou Jean-Philippe Toussaint pour la photographie. DS
————-
Comment comprendre (et dépasser) deux processus aux apparences contradictoires, d’une part la réussite scolaire des filles et de l’autre, le fait que ces dernières peinent à traduire cette réussite dans le monde du travail ? Que se passe-t-il au niveau des parcours scolaires, des orientations, des bifurcations qui vont déterminer des différences salariales au long cours ? Les rapports de pouvoir se reflètent-ils dans l’école ? Farinaz Fassa offre un panorama à la fois bref et détaillé de la question et indique des pistes pour relever les défis de l’égalité en Suisse. NR
————–
L’année 1816 constitue le fil rouge du récent bulletin de l’Association culturelle pour le voyage en Suisse. L’éruption du Tambora, l’année précédente en Indonésie, refroidit le climat. Une pluie incessante contribua à provoquer une famine en Suisse. Cet «été»-là, à Cologny, Lord Byron, Percy Shelley et la future Mary Shelley donnèrent naissance à plusieurs œuvres, dont Frankenstein. Le voyage de ces Britanniques autour du Léman et dans les Alpes frappa leurs compatriotes et alimenta le tourisme. DS
————–
Examiner la vie politique contemporaine en utilisant les expressions «de droite» et «de gauche» n’est pas ringard, au contraire. C’est la thèse défendue par Olivier Meuwly, docteur en Droit et ès Lettres de l’UNIL. En remontant à 1798, et par grands chapitres historiques, l’auteur décortique les origines, les métamorphoses, les parcours sinueux et les affrontements de ces notions structurantes. Les abandonner «ne peut que conforter la tendance à la dépolitisation», dont les extrêmes «récolteront les fruits». DS
————–
Le texte de la Genèse, issu de la Nouvelle Bible Segond, est accompagné ici de commentaires à destination des lecteurs profanes. Passage après passage, le contexte historique et théologique est exposé de manière claire par des spécialistes, dont Thomas Römer, professeur à l’UNIL et au Collège de France. Les aspects linguistiques, ainsi que les liens avec les autres monothéismes enrichissent encore l’expérience du lecteur. De quoi redécouvrir avec un regard neuf des versets que l’on croyait connaître. DS
————–
Dirigé par deux chercheurs de l’UNIL, cet ouvrage est consacré à un sujet rarement traité sous l’angle historique : le scandale. Notre pays en a vécu quelques-uns, dont certains, comme le dossier des Mirage dans les années 60, sont connus. Mais d’autres sont aujourd’hui dans l’ombre, comme les «vignes maudites» en Valais, de 1959 à 1962 (coups de feu, bibles brûlées). Cette publication, nourrie d’un travail dans les archives des médias, éclaire à nouveau ces épisodes, tout en tissant un lien avec des affaires récentes, comme DSK ou Julian Assange. DS