Une animalerie étroitement contrôlée

Les deux cents killifish du Département des sciences biomédicales sont bien adaptés à leur nouvel environnement.

Reproduction. Chaque laboratoire a sa technique pour faire éclore les œufs de poisson. Nicole Chuard © UNIL

Il faut avoir la clé pour pouvoir pénétrer dans le petit local situé au sous-sol du Département des sciences biomédicales (DSB). Son contenu est en effet précieux. Empilés dans deux racks, une centaine d’aquariums abritent des petits poissons aux écailles brun-rouge et à la queue jaune (pour les mâles) et grise (pour les femelles). Des killifish.

L’animalerie est maintenue à température constante, l’acidité de l’eau et l’humidité sont automatiquement contrôlées et la lumière est éteinte à 18h pour respecter le rythme jour /nuit. Calida Mrabti et ses collègues se relaient 7 jours sur 7 pour nourrir les animaux aquatiques. « Au début, nous leur donnions des larves de petites crevettes, des artémies, associées à des larves de moustiques rouges. Mais ces dernières peuvent contenir des pathogènes, c’est pourquoi nous essayons d’autres régimes alimentaires. Nous testons actuellement différents types de granules pour poissons, toujours combinés aux artémies. Bien que le killifish soit connu pour préférer les aliments vivants, il s’adapte bien à des régimes plus standardisés. »

L’une des principales tâches de Calida Mrabti est de récolter les embryons. « Je mets un mâle et deux ou trois femelles dans un aquarium contenant un récipient rempli de sable dans lequel les femelles pondent leurs œufs. Deux fois par semaine, je filtre le sable pour récupérer les embryons que je nettoie, avant de les mettre dans une boîte de Pétri avec une solution de bleu de méthylène pour éviter les contaminations. Lorsque les embryons commencent à avoir des yeux noirs, je les transfère dans un substrat sec et leurs yeux deviennent dorés. C’est très beau. À ce moment-là, l’éclosion peut commencer. » 

Dans ce domaine, les quelques équipes dans le monde qui travaillent sur les killifish ont chacune leur propre technique. « Certaines réussissent à faire éclore les œufs naturellement, la nuit. Chez nous, explique la doctorante, cela ne fonctionnait pas très bien. Nous avons donc choisi de forcer l’éclosion en laissant les œufs pendant la nuit dans une solution d’acide humique oxygénée (un substrat d’apparence terreuse), puis en les mettant ensuite dans un tube avec un peu d’eau. Les œufs gonflent et les poissons sortent facilement. » 

Dans les premiers mois, « nous avions un autre problème : une fois éclos et placés dans l’aquarium, les jeunes killifish ne flottaient pas. Un comble pour des poissons ! Nous avons donc rajouté de l’oxygène dans l’eau, ce qui leur a permis de gonfler leur vessie natatoire (sorte de poche qui leur sert de ballast) et de quitter le fond de l’aquarium. » 

L’animalerie abrite environ deux cents killifish qui, apparemment, se sont bien adaptés à leur nouvel environnement. « S’ils étaient stressés, leur reproduction se passerait moins bien », constate Calida Mrabti, qui est « en train de créer la nouvelle génération de poissons ». De quoi remplir quelques-uns des aquariums encore vides.

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