Le Musée cantonal de géologie, à Lausanne, abrite un de ces fragments rarissimes. Visite guidée avec Nicolas Meisser, de l’UNIL.
L’objet accueille le visiteur dès son entrée au Musée cantonal de géologie, au Palais de Rumine, à Lausanne. A première vue, cette petite lamelle que l’on peut observer de plus près à l’aide d’un microscope ne paie pas de mine. Mais il ne faut pas se fier aux apparences: il s’agit d’une pièce exceptionnelle, un petit morceau de Lune.
«Il est extrêmement rare d’avoir des objets lunaires. Sur les 23’000 météorites recensées dans le monde, seule une petite trentaine provient de notre satellite», explique Nicolas Meisser. Et le conservateur des collections de minéralogie et de pétrographie, qui est aussi chercheur à l’UNIL, ne cache pas qu’il est «ravi» de la présence, dans les collections, d’un tel spécimen.
Il y a en effet de quoi être fier. «DAG 400» – ainsi nommée car il s’agit de la 400e météorite trouvée à Dar al Gani en Libye – est en effet «un fragment unique, car il provient des zones montagneuses de la Lune».
Arraché de la planète lors de l’impact d’une gosse météorite, ce débris de Lune a été éjecté dans l’espace et est finalement retombé sur la Terre où il a été retrouvé à l’occasion d’une expédition scientifique. L’exploration spatiale n’est donc pour rien dans sa présence au Palais de Rumine.
Toutefois, c’est grâce aux connaissances que les sondes et satellites spatiaux ont permis d’accumuler sur les planètes qu’il a été possible de savoir d’où il venait et de le classifier. «On peut ainsi donner un corps parent à ces objets orphelins», résume Nicolas Meisser.
Cela vaut pour DAG 400 comme pour les autres météorites exposées au Musée cantonal de géologie. Outre les deux fragments, eux aussi très rares, tombés de Mars, la plupart sont issus de la ceinture d’astéroïdes qui évolue entre la planète rouge et Jupiter.
Si l’on excepte quelques pièces qui ressemblent à de véritables bijoux, la plupart d’entre elles «ne sont pas spécialement belles», constate le conservateur. Mais l’essentiel n’est pas là: «Ces objets sont magiques. Surtout quand on peut les toucher, car pour la première fois, les visiteurs peuvent poser la main sur un objet extraterrestre», conclut Nicolas Meisser.
Elisabeth Gordon