Un livre qui vient de paraître raconte la vie des cinq espèces de chouettes et des trois espèces de hiboux qui vivent en Suisse. Certains d’entre eux sont en danger, d’autres menacés.
Dans Chouette… Un hibou?!, les biologistes Albertine Roulet, Daniel Cherix et Pierre-Alain Ravussin, accompagnés du photographe Daniel Aubort, racontent l’existence mouvementée des huit espèces de rapaces nocturnes, sur treize en Europe, qui investissent les nuits helvétiques. D’un côté les hiboux: Moyen-duc, Grand-duc d’Europe et Petit-duc scops. De l’autre les chouettes: hulotte, de Tengmalm, Effraie des clochers, Chevêche d’Athéna, Chevêchette d’Europe. Une distinction faite uniquement par les francophones, explique Albertine Roulet, qui possède une maîtrise du Département écologie et évolution (DEE) de l’UNIL et travaille en tant qu’assistante de recherche à l’hepia à Genève. «En français, on parle de hiboux pour les rapaces qui possèdent des aigrettes et de chouettes pour les autres. En anglais, on utilise un seul mot pour les deux, owl. Et si, en allemand, deux termes existent, Eule et Kauz, ils ne distinguent pas les mêmes groupes qu’en français.» L’ADN du Grand-duc par exemple, le rapproche plus d’Edwige, la Chouette harfang d’Harry Potter, que tous les autres hiboux.
Comme le signale la scientifique, qui a passé de nombreuses heures sur le terrain, de jour et de nuit, à observer ces mystérieux oiseaux, la présence des aigrettes, deux petits amas de plumes juchés sur les côtés de la tête des hiboux, continue à alimenter les discussions des scientifiques. A quoi servent-elles? Les hypothèses se multiplient. «Certains estiment qu’il s’agit d’un moyen de communication au sein de l’espèce, une reconnaissance dans le couple par exemple. Les aigrettes, bien qu’elles ne soient pas des oreilles, pourraient avoir un rôle d’aide au niveau du son. Une théorie les voit comme une structure qui permettrait de conduire le son plus facilement à l’oreille interne. Mais cela reste des caractéristiques difficiles à vérifier. On pense aussi que certaines chouettes, comme celle de Tengmalm, ont perdu leurs aigrettes avec le temps.»
Un neuvième rapace nocturne, le Hibou des marais, également cité dans l’ouvrage, survole nos contrées mais n’y niche plus depuis 1939. Ce mangeur de campagnols a, semble-t-il, perdu ses marques. «A cause de la disparition de son milieu, commente la biologiste. Cette espèce est l’une des rares à construire un nid assez primitif, une sorte de petite cuvette, à même le sol. On l’appelle ainsi, car il vit dans des milieux humides. Des zones qui ont tendance à disparaître partout parce qu’elles ont été drainées.»
Des oiseaux rares à protéger
Trois espèces sont en danger, deux autres potentiellement menacées, une autre voit ses effectifs diminuer à vue d’œil. «On essaie de trouver des mesures de conservation spécifiques, souligne Albertine Roulet. Par exemple, sur les terrains agricoles, on laisse des bandes herbeuses autour des champs, on maintient les vieux vergers. Des endroits où ils peuvent chasser. Surtout, on tente d’éviter au maximum toute collision possible avec le trafic routier, ferroviaire, les câbles des téléskis, etc.»
La première cause de mortalité du Grand-duc d’Europe reste l’électrocution. Suivie de près par les accidents de télescopage, contre un pylône ou une voiture. Peut-être un jour verra-t-on fleurir sur les routes des panneaux, «Attention vol de Grand-duc»…
Article principal: Le retour discret du redoutable Grand-duc