Soigner les gens et la Terre

Valérie D’Acremont. La spécialiste des maladies tropicales à la Crêperie bretonne, près du CHUV. © Pierre-Antoine Grisoni /Strates

Valérie D’Acremont, professeure associée à la Faculté de biologie et de médecine à l’UNIL, s’est spécialisée dans la prise en charge des maladies tropicales et milite aussi pour l’écologie.

Les origines de Valérie D’Acremont, médecin et responsable adjointe de la Policlinique de médecine tropicale, voyages et vaccinations du Centre universitaire de médecine générale et santé publique de Lausanne (Unisanté), se situent dans les Pays-Bas du côté maternel, et en Bretagne du côté de son père: rien de mieux qu’une crêpe avec du cidre pour retracer le temps d’un lunch le parcours de la professeure à l’UNIL, qui partage son temps entre Unisanté, l’Institut tropical et de santé publique suisse à Bâle, ainsi que la Tanzanie. Née à Nantes en 1971, elle quitte le bord de l’Atlantique à neuf ans pour les rives du Léman à Vevey, où son père trouve un nouvel emploi. Valérie D’Acremont se rappelle que très tôt, elle ne supportait pas les injustices et qu’elle avait déjà «envie de soigner les enfants», son frère souffrant d’asthme. C’est décidé, elle sera médecin en Afrique, continent qui l’a toujours fascinée.

Un rêve de gosse que cette dynamique mordue de danse, de mer et de montagne, avide de défis, a réalisé. Pendant ses études de médecine (UNIL puis Université de Londres), Valérie D’Acremont effectue des stages aux quatre coins du monde, d’un centre pour enfants autistes au Chili en passant par un cours sur le VIH en Norvège. En 2006, elle atterrit en Tanzanie pour un doctorat en épidémiologie. Depuis, ce pays est comme une seconde maison pour celle qui a appris le swahili. Elle a développé avec de jeunes médecins et informaticiens, suisses et tanzaniens, un programme sur tablette basé sur des algorithmes médicaux, aidant les cliniciens à mieux identifier les maladies provoquant des fièvres et à choisir un traitement adapté pour éviter la sur-prescription d’antibiotiques et d’antipaludiques.

Dans les centres tanzaniens où il a été utilisé, l’outil a fait baisser de 95% à 11% la prise d’antibiotiques chez les jeunes. «Nous réussissons à diminuer la mortalité infantile pas à pas mais ces efforts sont sapés par le changement climatique. Les périodes de sécheresse et de grosses intempéries engendrent la malnutrition. Même si les soins s’améliorent, la quantité de nourriture est déterminante pour la santé. Et à quoi bon soigner les gens des pays du Sud si notre empreinte carbone est 20 fois plus élevée que la leur?» Un grand tour en voilier sur l’Atlantique avec ses enfants et son mari en 2015 et 2016, où elle voit notamment la détresse des pêcheurs face à la pénurie de poissons, la pousse à agir.

Pas de voiture, shampoings faits maison et cuisine souvent végétarienne de son mari, également médecin en maladies tropicales: Valérie D’Acremont et sa famille adoptent un mode de vie slow mais la professeure sait que les efforts individuels ne suffisent pas et qu’il faut changer le système. Au printemps 2019, elle rejoint le groupe lausannois d’Extinction Rebellion, mouvement écologiste. Elle veut «sensibiliser le monde, en particulier médical, aux problèmes environnementaux», qui auront de plus en plus d’impact sur la santé partout sur terre. «Agir dans cette direction m’a permis de retrouver de l’énergie et un sens à mon travail», sourit la militante.

Sa crêpe préférée

Roquefort, épinards et noix, avec un cidre demi sec. Sucre et citron pour le dessert.

Un goût de son enfance

Les moules, servies pendant les fêtes familiales.

Une saveur de la Tanzanie

Les épices de l’archipel de Zanzibar.

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