Sa lampe révèle les drogues en cinq secondes

Le doctorant à l’UNIL Florentin Coppey a mis au point pour les forces de police une technologie portable d’analyse de stupéfiants. Son dispositif nommé «NIRLab» est déjà utilisé dans plus d’une dizaine de cantons.

Florentin Coppey. Doctorant à l’UNIL et fondateur de NIRLab Sàrl. Nicole Chuard © UNIL

En Suisse, plusieurs brigades des stupéfiants disposent depuis quelques mois d’une nouvelle arme qui pourra accélérer leur lutte contre ce trafic. Il s’agit d’un dispositif capable de reconnaître en cinq secondes tous types de drogue: cannabis, héroïne, cocaïne, MDMA ou encore kétamine, ainsi que les produits de coupage. 

Mis au point par Florentin Coppey, doctorant à la Faculté de droit, des sciences criminelles et d’administration publique, le système se compose d’un appareil produit aux États-Unis ressemblant à une petite lampe de poche, et d’une application mobile développée par l’agence Apptitude de l’EPFL, grâce à un financement InnoTREK de 100000 francs. Pour l’utiliser, il suffit de poser l’engin sur la substance illicite et d’appuyer sur un bouton. Instantanément, un flash s’enclenche et un détecteur enregistre la variation de lumière réfléchie par les molécules du produit. L’information de sa composition chimique et de sa pureté est ensuite envoyée sur le smartphone de l’utilisateur.

Des algorithmes «maison»

«Cette solution répond à un besoin de rapidité exprimé par les agents», explique le doctorant, qui a lancé en mars la start-up NIRLab Sàrl. «En Suisse, on est incriminé selon le taux de pureté. Par exemple, un individu ne peut être emprisonné qu’à partir de 18 grammes de cocaïne pure. Or, une analyse en laboratoire prend en moyenne deux semaines et, pendant ce temps, la police doit travailler à l’aveugle, détaille le Valaisan. NIRLab permet d’obtenir un résultat en un clic, avec un très bon niveau de confiance.»

Ce dispositif est le fruit de sa recherche doctorale supervisée depuis quatre ans par le professeur à l’École des sciences criminelles Pierre Esseiva. Choisissant d’exploiter le potentiel de la spectroscopie proche infrarouge, employée habituellement par les industries pharmaceutiques et chimiques, le chercheur est parvenu à adapter cette «lampe de poche» à un usage policier. Il a pour cela programmé des algorithmes capables de traduire les données spectrales abstraites émises par l’appareil en informations textuelles, compréhensibles pour des non-initiés.

Un an et demi de tests

Afin que les algorithmes puissent reconnaître les substances mesurées sur le terrain, Florentin Coppey a scanné près de 4000 échantillons issus de saisies policières. Cette banque de données ainsi constituée évoluera constamment grâce à la centralisation en temps réel sur un cloud des mesures effectuées quotidiennement par le réseau d’utilisateurs. Un point important, selon lui, «car de nouvelles drogues apparaissent tous les mois». 

Après un an et demi de tests réalisés sur le terrain par des polices romandes, le dispositif est déjà commercialisé dans plus d’une dizaine de cantons. Pour l’entrepreneur, l’objectif est d’être présent dans l’ensemble de la Suisse afin d’avoir un suivi en direct du marché des stupéfiants à l’échelle nationale, via une plateforme de visualisation des statistiques. «Ce qui serait vraiment unique!» Lors de la phase de test, il avait notamment observé sur un graphique une baisse de la pureté de la cocaïne mesurée au printemps 2020, «sans doute liée à un manque d’approvisionnement lors du semi-confinement», interprète-t-il. En cours de finalisation, cette plateforme sera bientôt disponible.

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