Syndic de Lausanne, Grégoire Junod livre ses réflexions personnelles dans ce bref ouvrage. Entamé dans le bruit, alors que Greta Thunberg attirait des milliers de personnes dans la capitale vaudoise en janvier 2020, ce texte sort dans le silence d’une déprimante pandémie. Lucide, l’auteur estime que «le monde de demain pourrait […] ressembler au précédent, avec des difficultés en plus». Toutefois, le socialiste, diplômé de l’UNIL, ne verse pas dans le pessimisme. Climat, énergie, immobilier, économie, mobilité, progrès social ou «vivre-ensemble»: comme l’écrit la maire de Paris Anne Hidalgo dans la préface, «la ville est la bonne échelle pour agir». Utilisant la notion de «laboratoire», Grégoire Junod expose plusieurs réalisations lausannoises. Dans le domaine de l’urbanisme, il traite des quartiers des Fiches ou des Plaines-du-Loup, qui conjuguent durabilité, densification et mixité sociale. Au passage, il reconnaît quelques ratés, comme les peu charmantes places de La Sallaz ou de l’Europe. Mais il se projette aussi dans l’avenir, avec le projet un peu fou de bannir les véhicules à essence de Lausanne dès 2030, ou encore son souhait de voir les transports publics devenir gratuits.
La conclusion de l’ouvrage, sous la forme d’un entretien avec Frédéric Mamaïs, entre dans le registre de l’intime. En 2003, Grégoire Junod apprend, presque en même temps, qu’il est atteint d’une leucémie et que sa compagne Géraldine Savary attend un enfant. «Avec le recul, je suis certain que la maladie a fortifié mon engagement», note-t-il. / DS
La diversité religieuse des Vaudois
Dans le domaine des croyances, le canton de Vaud n’a rien d’uniforme. Au contraire, il évoque un quilt amish. Grâce à cet ouvrage élégant, Eva Marzi nous propose un panorama de cette diversité de traditions, qui s’expriment en 38 langues! Sans surprise, les nombreux courants du christianisme se taillent la part du lion, mais peu se doutent que le Rosicrucianisme ou le Falun Gong sont vivants sous nos latitudes.
Docteure en sociologie de l’UNIL, l’auteure a mené une enquête fouillée afin de dresser les portraits des différentes communautés qui forment la «mosaïque» vaudoise. Des textes nourris de chiffres et de données historiques, mais également de citations et d’entretiens avec les personnes concernées. Les polémiques liées à certains groupes ne sont pas mises de côté. En plus de ce tableau inédit, Credo est enrichi d’un portfolio de photographies. En effet, sous la direction de Matthieu Gafsou, 17 étudiants de l’ECAL se sont approchés des différentes communautés, ce qui n’a pas toujours été simple. / DS
L’art, c’est aussi de l’argent
Il est rare que l’on aborde l’art européen du XIVe siècle sous l’angle économique. Cet ouvrage collectif, fruit d’un colloque organisé à l’UNIL en 2017, le propose. Sous la plume de Michele Tomasi, professeur en section d’histoire de l’art (Faculté des lettres), nous découvrons qu’au Moyen Âge, loin d’une pudique indifférence, les questions d’argent intéressaient les producteurs et les consommateurs d’œuvres. L’auteur prend l’exemple de l’écrivain Jean Froissart (v. 1337 – v. 1404), qui nous a laissé des Chroniques de France, d’Angleterre et des païs voisins dans lesquelles le prix des édifices et des objets précieux est souvent mentionné.Dans le cas d’un don (pour libérer des otages prisonniers d’un sultan turc par exemple), ou d’un échange de dons entre alliés, la valeur des cadeaux prend davantage d’importance, car des notions comme la fidélité, le rang ou le statut social des parties prenantes entrent dans la balance. / DS