Archéologue de formation, Bernard Reymond est l’illustrateur d’Aventicum, en vadrouille dans la capitale, le quatrième volume de la collection Les Guides à pattes. Ce dernier propose aux plus jeunes un voyage passionnant dans le monde antique suisse.
Pinceaux alignés et suspendus au mur blanc, porte-crayons et boîtes de peinture bien rangées, une atmosphère paisible règne dans le bureau de Bernard Reymond, qui travaille à son domicile d’Yverdon-les-Bains – Eburodunum pour les latinistes avertis. Un croquis au crayon de Lux, l’un des deux louveteaux, mascottes du dernier volume des Guides à pattes (une collection d’ouvrages ludiques et didactiques réalisée en partenariat avec les musées historiques suisses), trône sur l’étroite table de travail. L’illustrateur indépendant de 31 ans, accueillant et discret, raconte autour d’un café sa passion pour l’archéologie et le dessin. Des animaux stylisés et hauts en couleur, tirés des livres pour enfants aux détails des cuirasses de l’armée romaine, en passant par de lumineuses restitutions architecturales à l’aquarelle, la palette artistique de Bernard Reymond s’étaye de multiples pigments.
«J’ai hésité à entrer à l’ECAL en sortant du gymnase, mais je n’étais pas sûr de vouloir faire une carrière artistique, j’ai préféré l’histoire de l’art et l’archéologie à l’UNIL», se souvient-il. L’envie de prendre les pinceaux revient pourtant rapidement. Quelques dessins pour Chronozones, la revue des étudiants d’Archéologie et des Sciences de l’Antiquité de l’UNIL, le lancent sur la voie de son double métier d’archéologue-illustrateur. S’ensuivent des réflexions sur la restitution et l’évolution des représentations du passé, qui sont à la base de son mémoire de master, achevé en 2008. C’est également lors de ses études qu’il rencontre les autres membres du comité de rédaction des Guides à pattes – Fanny Dao, Karine Meylan, Lucile Tissot et Caroline Olivier Ismaïl.
«Une image ça marque. Beaucoup de gens se représentent aujourd’hui les Gaulois avec des casques ailés ou à cornes comme dans Astérix, mais historiquement c’est complètement faux», s’amuse Bernard Reymond, amateur de BD historiques. Une rigueur scientifique et une attention aux détails graphiques qu’il tient de son passage à l’UNIL, mais aussi de sa formation de master en Illustration scientifique à la Haute Ecole des arts de Zurich qu’il termine l’an passé.
Datation d’amphores dessinées
Des compétences également précieuses lors de la création d’illustrations authentiques pour les livres jeune public. Le dernier volume des Guides à pattes sur Avenches se penche, au travers de la vie citadine dans la capitale helvète, sur les instances politiques romaines et le citoyen. «Les images permettent de concrétiser certains concepts pas toujours évidents à saisir pour des enfants, par exemple ce qu’est un duumvir (magistrat romain d’un collège de deux membres, ndlr). Elles offrent un contexte, mais elles représentent surtout pour moi un gros travail de documentation afin d’éviter tout anachronisme.»
Une scène de taverne peut sembler des plus banales. Mais pour Bernard Reymond, elle suppose tout un travail préalable: la cruche, les gobelets, les amphores comme les habits, les chaussures ou les coiffures des personnages doivent respecter la mode et les manières de faire de l’époque. «Une amphore dans tel contexte doit dater de la bonne période. Sa forme, ses anses ne seront pas les mêmes suivant sa fonction (transport de vin, d’huile ou de sauce de poisson). Tout conduit à se poser des questions, c’est ce qui est fantastique, j’apprends beaucoup en dessinant.»
Assis à sa table de travail, l’œil vif et appliqué, Bernard Reymond commence un travail de colorisation sur le castor Pollux, héros du prochain volume des Guides à pattes sur Yverdon-les-Bains (à paraître en 2014). Mêlant informations scientifiques de qualité exprimées dans un langage clair à des jeux didactiques illustrés, ces ouvrages ont tout pour plaire aux plus jeunes (comme à leurs parents) désireux de découvrir les vestiges du passé helvétique.