Destinée à un large public au contact avec les patients, une nouvelle formation courte met l’accent sur la relation thérapeutique.
Intitulée «Approche psychothérapeutique des psychoses» et proposée par la Faculté de biologie et de médecine de l’UNIL ainsi que par le Service de psychiatrie générale du CHUV (DP/CHUV), elle démarrera en novembre 2024. À raison d’un module d’une journée par mois, elle s’étendra jusqu’en juin 2025, ce qui la fait entrer dans un format court. Un choix de ses organisateurs, tout comme le fait qu’elle est non certifiante: «Nous l’avons voulue ouverte et accessible à tous les professionnels s’occupant de ces patients», souligne le Dr Pierre Progin, médecin associé au DP/CHUV, qui a chapeauté le projet. Dans la cible donc, aussi bien les psychologues, psychiatres, infirmières, infirmiers, aides-soignantes et aides-soignants, ainsi que les ergo- ou physiothérapeutes.
«Tout est parti du livre éponyme, codirigé par le professeur Philippe Conus et le docteur Dag Söderström», explique Pierre Progin. Paru en 2021, cet ouvrage compte 51 chapitres rédigés par 36 auteurs de la région impliqués dans la prise en charge de patients présentant un trouble psychotique. «Ils se basent sur leur expérience clinique pour proposer des outils à mettre en pratique. Le manuel offre une approche nouvelle et intégrative de la psychose. La formation a pour objectif de poursuivre la transmission et le développement de cette approche», détaille-t-il. Plusieurs auteurs interviendront d’ailleurs au fil des modules.
Le manuel segmente le travail psychothérapeutique en cinq temps – rencontre, soins, questionnement, reconstruction et cheminement. Chacun fait l’objet d’un module, précédé d’une introduction donnée par le professeur Conus et le docteur Söderström. La septième journée incarne le moment d’échanges entre les différents partenaires de soins. Elle coïncidera avec la journée de l’association International Society for psychological and social approaches to psychosis (ISPS) et viendra clore la formation. Cette association a la particularité d’être ouverte aux professionnels comme aux proches et aux personnes concernées, qui sont à la fois intervenants et public. «Le but est de fédérer toutes les personnes intéressées et impliquées, de leur permettre d’échanger sur leurs pratiques», souligne Pierre Progin.
Construire une relation de confiance
Cette formation aborde le soin à la façon d’un partenariat. Cette manière de travailler implique un renversement: «On quitte le schéma où le thérapeute est omniscient et le patient ignorant, car en réalité c’est lui qui en sait le plus sur son vécu», rappelle-t-il. Toutes les parties, des soignants aux patients, se retrouvent au même niveau. «C’est ce qui permet de construire une véritable relation de confiance.»
Hélas, cette approche n’est pour l’instant pas monnaie courante: «Souvent, la prise en charge se focalise sur une approche médicamenteuse et institutionnelle. Nous militons pour un accès à la psychothérapie, en soulignant qu’elle permet de donner sens à des gestes du quotidien.» Ce type de soins n’est pas encore vraiment formalisé – «ce qui laisse de la place à la créativité», se félicite Pierre Progin. Un sondage a révélé que le personnel concerné souhaite fortement avoir des clés permettant d’aborder cette patientèle. «Cette formation se veut vivante et met l’accent sur le développement des compétences plutôt que sur l’acquisition d’un savoir théorique.» Raison pour laquelle le nombre de participants a été limité à 25 de manière à encourager la pratique en petits groupes.
Chaque journée démarrera donc par une vignette clinique (un cas clinique scénarisé) où une personne concernée partagera son vécu. Suivront une présentation théorico-clinique et des témoignages. Participatif, le reste de la journée sera consacré à la pratique, sur un mode expérientiel: les participants pourront par exemple mettre leurs nouvelles connaissances à l’épreuve lors de jeux de rôle, de psychodrames ou de mises en situation. Une supervision en petits groupes viendra clore le module – un moment où échanger sur des cas tirés des expériences de chacun.
Cette formation sera enfin l’occasion de réaliser un état des lieux de ce qu’est la psychose: «Elle se caractérise par une altération du sens de soi, menant à un vécu de fragmentation des expériences, de perte de limite de soi avec une confusion entre ce qui est interne et externe. L’approche psychothérapeutique met l’accent sur la relation entre le thérapeute et le patient, relation qui permet de restaurer un sentiment d’identité. Le thérapeute se présente comme un compagnon auquel le patient peut s’identifier et se raconter, ce qui permet de remettre du sens, de rassembler ce qui est vécu comme fragmenté. Il s’agit de cheminer avec la personne pour l’accompagner dans un processus de rétablissement», résume Pierre Progin.
En donnant aux psychotiques les moyens de renouer avec leur sentiment d’identité, cette approche leur rend l’espoir de reconquérir une vie riche et colorée./
Informations: formation-continue-unil-epfl.ch/formation/approche-psychotherapeutique-psychoses