Des chercheurs suisses ont récemment démontré que l’inflammation de la peau agit, en réalité, comme un mécanisme de défense. Les explications de Daniel Hohl, médecin-chef au CHUV et professeur associé à l’UNIL, qui a participé à cette découverte.
Après l’eau, le bain de soleil. Encore un grand classique de l’été, dont les conséquences sont parfois douloureuses. Une peau sensible, ou mal protégée, et c’est le coup de soleil assuré. En quelques heures, l’épiderme vire écarlate. Impossible de l’effleurer sous peine d’attiser une atroce sensation de brûlure. Tout le monde, ou presque, connaît ça. Mais ce n’est que récemment que des chercheurs suisses de l’UNIL, du CHUV et de l’EPFZ ont décortiqué le mécanisme exact du coup de soleil. L’inflammation de la peau agit, en réalité, comme un mécanisme de défense.
Une substance du corps lance un message d’alerte
Au départ, les scientifiques étaient loin de se focaliser sur l’abus d’UV, tout occupés qu’ils étaient à décortiquer les interactions d’une protéine au nom un peu barbare, la EBBP, présente dans les cellules qui composent la couche supérieure de la peau, les keratynocytes. C’est ainsi qu’ils ont découvert qu’une substance sécrétée par ces cellules de l’épiderme, l’interleukin-1b, correspondait en fait à une sorte de message d’alerte du corps.
Les effets inattendus des UV
De fil en aiguille, les chercheurs ont découvert que ce signal d’alerte était lui-même activé par un ensemble de protéines contenues dans les cellules de l’épiderme, l’inflammasome. Une inflammation déclenchée, au départ, par l’exposition aux ultraviolets!
«On ne savait pas que les UV entraînaient la sécrétion de l’interleukin-1b, c’était un résultat inattendu», confirme le Pr Daniel Hohl, médecin-chef au Service de Dermatologie et Vénérologie du CHUV et professeur associé de dermatologie à la Faculté de biologie et de médecine de l’UNIL.
L’enveloppe de notre corps, l’épiderme, est la première barrière de défense contre les agressions extérieures, qu’il s’agisse de microbes, de virus ou d’UV. Dans le cas des UV, le mécanisme inflammatoire se met en route environ six heures après l’exposition. D’où l’apparition de rougeurs sur la peau.
Vous pelez? C’est parce que vos cellules se suicident
«Nous avons découvert un des mécanismes en jeu dans le coup de soleil, relativise toutefois le spécialiste. C’est un phénomène complexe. Il avait déjà été expliqué auparavant, par exemple par le fait que les rayons UV abîment certaines cellules. Celles qui sont trop endommagées décident alors de se suicider en quelque sorte et meurent. C’est ce que vous constatez quand vous pelez. Il y a également le fait que les vaisseaux se dilatent, une vascularisation à l’origine de l’érythème cutané.»
La découverte de l’UNIL, du CHUV et de l’EPFZ ouvre toutefois la voie à d’autres recherches potentiellement prometteuses, notamment en ce qui concerne les traitements des lucites, ces réactions allergiques souvent auto-immunes à l’exposition au soleil, voire peut-être un jour à une meilleure protection contre l’effet cancérigène des rayons UV. Pourquoi pas, en effet, imaginer une sorte de vaccin constitué d’anticorps qui préviendraient l’inflammation liée à une trop longue exposition au soleil et donc l’apparition de tumeurs…
Geneviève Comby