Notre couleuvre à collier remplacée par une chypriote et une croate

Natrix helvetica a à peine obtenu le rang d’espèce qu’elle disparaît au profit de deux autres lignées venues de Méditerranée.

Couleuvre helvétique. Espèce locale menacée d’extinction, Natrix helvetica peut être observée à certaines embouchures de rivière. © Sylvain Dubey

Peu fréquente dans le lac, notre couleuvre à collier, renommée couleuvre helvétique, investit les embouchures des rivières où elle chasse poissons et grenouilles. «On peut l’observer à l’entrée de la Venoge, de l’Aubonne, mais aussi aux Grangettes, signale Sylvain Dubey. Ce serpent aquatique mesure jusqu’à 1 m 40. Sa distribution est plus large en Suisse que celle de la couleuvre vipérine, car elle possède un habitat moins spécifique. Elle n’a pas besoin d’eau. Si elle repère des grenouilles à manger dans la forêt, elle peut y rester.» Longtemps considérée comme une sous-espèce, elle a été élevée au rang d’espèce quand on s’est aperçu qu’elle ne pouvait pas s’hybrider avec Natrix natrix, la couleuvre à collier répandue au nord-est de la Suisse.

Alors qu’on la croyait bien de chez nous, des analyses génétiques du chercheur et de son collègue Christophe Dufresnes ont montré que deux lignées présentes dans la région de Lausanne viendraient de Croatie et de Chypre. «On sait qu’à l’ancien Vivarium de Lausanne se situait un terrarium, à l’extérieur, où les gens pouvaient déposer les serpents qu’ils ne voulaient plus. À l’époque, beaucoup d’amateurs ramenaient de jolies couleuvres à collier du sud-est de l’Europe. Comme elles étaient trop compliquées à maintenir en captivité, ils les abandonnaient au Vivarium. Le terrarium s’est cassé, laissant s’échapper de nombreux individus dans la nature. De plus, je pense que des relâchés intentionnels se faisaient dans la rivière d’à côté, le Flon.»

Cette pratique est passée inaperçue durant des décennies, car les adultes ressemblent comme deux gouttes d’eau à l’espèce indigène. «Quand nous avons eu accès aux pontes, nous avons remarqué la présence de juvéniles avec de belles bandes sur le dos, inhabituelles chez nous. L’analyse génétique a démontré qu’il s’agissait de Natrix natrix persa. Une envahissante de plus chez les couleuvres…» On a donc actuellement à Lausanne une couleuvre à collier aux origines méditerranéennes, mais plus de traces de notre animal indigène. «Quand on échantillonne dans la région, on constate que la lignée locale a été éradiquée. Les envahissantes ont pris sa place.»

Article principal: Les couleuvres envahissent le Léman

Laisser un commentaire